Dès 7h00 des milliers de Palestiniens se pressent pour retourner vers les maisons au Nord / Photo: AA (AA)

Pour quitter le sud de l’enclave palestinienne, où une grande majorité des deux millions de Gazaouis étaient déplacés depuis novembre 2023, le corridor de Netzarim se veut un passage incontournable.

Au cours de sa guerre sur Gaza, l’armée israélienne a créé ce corridor qui coupe en deux la bande de Gaza d’est en ouest sur 7 km de large.

Seul point de passage entre le nord et le sud, il est utilisé par les forces israéliennes pour surveiller et contrôler les mouvements des Palestiniens entre le nord et le sud de la bande de Gaza et pour lancer des opérations militaires.

Les maisons ont été détruites pour construire des routes et des positions militaires sur cette bande de terre transformée en no man’s land.

Ce corridor a une sinistre réputation, les soldats israéliens l’appellent “la ligne des cadavres”. Au fil des mois, les déplacés du Nord ont essayé de rentrer chez eux, la vie sous une tente dans des zones bombardées, le manque de nourriture, la peur, les déplacements permanents au gré des opérations militaires poussaient certains à vouloir rentrer dans leur maison.

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Le corridor de la mort, cimetière des civils

Mais ces 15 derniers mois, toute personne qui y pénétrait était tuée. Les snipers abattaient civils ou combattants indifféremment. Les corps n’étaient jamais récupérés. En décembre, une enquête du journal isréalien Haaretz a révélé que des centaines de Palestiniens, dont des enfants, ont été abattus sans discernement par des soldats israéliens au corridor de Netzarim.

Selon un officier supérieur, le commandant de la division 252 a fait de ce corridor une “zone de tuerie” permettant aux soldats de tirer sur quiconque qui y pénètre.

Les personnes tuées sont qualifiées par les Israéliens de “ terroristes” à titre posthume, même lorsqu’il s’agit d’enfants.

Les limites de la zone sont largement arbitraires et s’étendent “aussi loin qu’un sniper peut voir” , a déclaré un autre membre de la division à Haaretz.

Au check-point du corridor de Netzarim, les témoignages rapportent des arrestations, ou des lynchages. Mohammed Hajjo, de Sheikh Radwan, dans la ville de Gaza, avait refusé d’aller dans le Sud. il voulait garder la maison. Sa femme et ses enfants sont partis vers le sud au début de la guerre. Il confie à Middle East Eye son périple depuis Gaza-city pour rejoindre sa famille dans le camp de tentes.

“J’ai marché longtemps le long de la côte, craignant constamment d’être la cible de tireurs embusqués ou d’être arrêté”, se souvient ce père de famille de 32 ans. Lorsqu’il atteint le poste de contrôle de Netzarim, les soldats l’obligent à jeter toutes ses possessions, son téléphone, les vêtements pour ses enfants. “Ils m’ont fait enlever mes vêtements, m’ont tout pris et m’ont posé de nombreuses questions inutiles – pourquoi j’avais fui vers le sud maintenant, et pas plus tôt”, a-t-il déclaré. “Je pensais qu’ils allaient m’arrêter, mais le matin, ils m’ont laissé partir, nu”.

Un commandant de réserve qui vient de rentrer du corridor de Netzarim confiait au journal Haaretz: “Depuis plus d'un an, nous opérons dans un espace de non-droit où la vie humaine n'a aucune valeur. Oui, nous, commandants et combattants, participons à l'atrocité qui se déroule à Gaza. Maintenant, tout le monde doit faire face à cette réalité”.

A map of Gaza showing Philadelphi and Netzarim corridors.
TRT Francais