"Nous refusons de remplacer une occupation par une autre. Gaza appartient à son peuple, qui ne partira pas", a affirmé le Hamas. / Photo: AFP (AFP)

Le Hamas, contre lequel Israël a mené une guerre dévastatrice à Gaza pendant 15 mois, a affirmé que la proposition du président américain était "une déclaration d'intention d'occuper" le territoire palestinien.

"Nous refusons de remplacer une occupation par une autre. Gaza appartient à son peuple, qui ne partira pas", a affirmé le Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 menée à partir de Gaza dans le sud d'Israël voisin a déclenché la guerre.

Trump a annoncé son plan mardi, au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, alors qu'un cessez-le-feu est en vigueur à Gaza depuis le 19 janvier et que les négociations indirectes sous l'égide des médiateurs avaient repris sur la suite de cette trêve.

L'un des médiateurs, l'Egypte, a estimé que le soutien israélien au plan Trump menaçait ces négociations censées préparer la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu.

Cet accord a déjà permis la libération de 18 otages retenus à Gaza et d'environ 600 Palestiniens détenus par Israël. De nouvelles libérations sont prévues samedi, avaient annoncé des sources du Hamas la semaine dernière.

Netanyahu a qualifié de "remarquable" l'idée de M. Trump. Evoquant sa rencontre avec le président américain, il a déclaré ensuite penser "qu'il faut bien étudier cette idée, qui est la plus originale qui a été proposée depuis des années", dans une vidéo sur X.

Son ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré avoir "ordonné à l'armée de préparer un plan qui permettra à tout Gazaoui le souhaitant de partir vers n'importe quel endroit du monde qui accepte de l'accueillir".

Israël a pris de vastes secteurs de Gaza et contrôle toutes les sorties du territoire où il assiège quelque 2,4 millions de Palestiniens depuis octobre 2023. La guerre y a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué des destructions colossales.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé jeudi avoir frappé au Liban "deux sites militaires qui contenaient des armes du Hezbollah", alors que la date de son retrait du sud du territoire libanais a été repoussée précédemment au 18 février.

"Complètement absurde”

En lançant l'idée d'une prise de contrôle américaine de Gaza afin de la reconstruire et d'en faire la "Côte d'Azur du Moyen-Orient", Trump a répété que ses habitants pouvaient être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, qui ont pourtant rejeté cette option.

Jeudi, il est revenu à la charge. Gaza sera "remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats", ajoutant que, d'ici là, les Palestiniens "auraient déjà été réinstallés" ailleurs dans la région. "Aucun soldat américain" ne sera nécessaire pour ce faire.

Le département d'Etat américain a annoncé jeudi que Marco Rubio se rendrait en Israël, aux Emirats, au Qatar, et en Arabie saoudite à la mi-février, pour ce qui sera le premier voyage du secrétaire d'Etat dans la région.

Même s'il reste flou, le plan Trump met surtout en péril l'idée d'une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies, défendue par une large partie de la communauté internationale mais à laquelle Israël est opposé.

Et pour l'ONU, ce plan est illégal au regard du droit international.

"Tout transfert forcé ou déportation hors des territoires occupés sont strictement prohibés", a souligné le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.

La proposition de M. Trump est "illégale" et "complètement absurde", a dit la rapporteure spéciale de l'ONU en charge des territoires palestiniens, Francesca Albanese.

"Il est essentiel d'éviter toute forme de nettoyage ethnique", a dénoncé le patron de l'ONU, Antonio Guterres.

Face au tollé, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit "encourager" les pays qui critiquent le plan Trump "à apporter une solution et une réponse au problème".

L'Egypte et la Jordanie et l'Arabie saoudite, poids lourd du Moyen-Orient, ainsi que d'autres pays arabes et occidentaux ont rejeté le plan américain. Le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer M. Trump mardi à Washington.

L'offensive israélienne meurtrière à Gaza a fait au moins 47.583 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé.

TRT Français et agences