Réunion de l'Assemblée générale des Nations unies sur Gaza / Photo: AFP (AFP)

Prenant le relais d'un Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU a réclamé mardi soir "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, dans une résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions. Une majorité écrasante qui a même dépassé celles qu'avaient rassemblées les résolutions condamnant l'offensive russe de l'Ukraine.

Mais le texte, non contraignant, ne condamne pas le Hamas, une omission fustigée par Israël et les Etats-Unis qui ont voté contre la résolution.

Fervent soutien d'Israël, Joe Biden a cependant critiqué mardi de manière inédite le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour son opposition à une solution "à deux Etats" avec les Palestiniens, et l'a mis en garde contre une érosion du soutien international à sa guerre.

"Il n'y a aucun doute sur la nécessité de supprimer le Hamas", a réitéré le président américain. Mais, a-t-il mis en garde, si Israël dispose à l'heure actuelle du soutien de "la majeure partie du monde", "ils sont en train de perdre ce soutien avec les bombardements aveugles qui ont lieu".

Huit soldats tués mardi

Israël a annoncé mercredi que huit nouveaux soldats ont été tués dans les combats de Gaza, dont un lieutenant-colonel qui commandait un régiment d'infanterie. L'armée a déclaré qu'un total de 114 soldats avaient été tués depuis qu'Israël a commencé ses opérations terrestres à Gaza le 20 octobre.

La radio de l'armée israélienne, citant des sources militaires, a rapporté que 20 soldats israéliens ont été tués par des "tirs amis" lors de l’offensive terrestre menée à Gaza. Par ailleurs, 13 soldats israéliens auraient été tués par leurs camarades, confondus avec des combattants du Hamas. Toujours selon la radio israélienne, 2 soldats israéliens sont morts écrasés par des véhicules blindés, 2 autres ont été tués par des tirs d’obus, 2 soldats ont trouvé la mort touchés par des éclats d'obus alors qu’un dernier aurait reçu une balle perdue tirée par les forces israéliennes.

"Souffrance continue"

Dans une rare déclaration commune, les Premiers ministres canadien, australien et néo-zélandais se sont pour leur part déclarés mercredi "alarmés par la diminution de l'espace de sécurité pour les civils à Gaza". "Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens", ont-ils ajouté.

Dans la bande de Gaza, où 85% des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés - dont beaucoup de multiples fois depuis le 7 octobre - et des quartiers entiers détruits par les bombardements, les Palestiniens vivent "l'enfer sur terre", a lancé le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Dans l'enclave soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids ont fait plus de 50 morts dans la nuit de mardi à mercredi à Gaza-ville, Nousseirat, Deir al-Balah, Khan Younès et Rafah, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’offensive israélienne à Gaza a coûté la vie à plus de 18.400 personnes, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas. Selon l'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), de nombreuses personnes restent portées disparues sous les décombres.

Surpopulation et maladies

Après avoir fui leurs maisons dans le nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s'abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp avec des centaines de tentes bricolées à l'aide de bouts de bois ou encore de draps.

Selon l'Ocha, la surpopulation et la malnutrition favorisent la propagation de maladies comme la diarrhée, la grippe et la variole, mettant une pression supplémentaire sur un système de santé déjà complètement débordé et défaillant.

A cela s'ajoute la pluie qui tombe sur Rafah, où les déplacés s'abritent tant bien que mal sous des bâches en plastique.

"Toutes les tentes sont inondées. Nous ne savons pas quoi faire", se plaint Ihab Abu Jof, un Palestinien de 23 ans, qui a protégé le foyer de son fourneau artisanal avec une plaque de tôle et une bâche. "Je vous jure que les conditions ici sont extrêmement difficiles", ajoute-t-il.

De plus, l'armée israélienne a ciblé Rafah, où des frappes sur deux maisons ont fait 24 morts mardi, selon le ministère de la Santé de Gaza.

"Où est la sécurité à Rafah?"

"Ils (les militaires israéliens) ont dit eux-mêmes que le sud est sûr, Rafah est sûre. Où est la sécurité à Rafah? Chaque jour il y a des frappes à Rafah", lance Tawfiq Abou Brik au milieu des ruines.

Le chef de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait état d'un raid israélien contre l'hôpital Kamal Adwan de Gaza, où se trouvent 65 patients et 45 soignants, après plusieurs jours de siège. "Je suis extrêmement inquiet", a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).

Le Hamas a affirmé sur Telegram que le directeur de l'hôpital avait été fait prisonnier.

Selon l'Ocha, 100 camions transportant de l'aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah, de même que 120.000 litres de carburant, une assistance qui reste d'après elle très en deçà des besoins.

Dans le cadre du siège imposé depuis le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l'entrée de l'aide internationale dans le territoire via l'unique point de passage ouvert de Rafah, avec l'Egypte. En raison des combats, cette aide est très difficilement acheminée au-delà de Rafah où la nourriture se fait rare.

La guerre a aussi fait flamber les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué six Palestiniens mardi, selon l'Autorité palestinienne.

Elle a aussi rallumé le front avec le Hezbollah libanais à la frontière. L'aviation et l'artillerie israéliennes ont bombardé des positions du mouvement chiite dans le sud du Liban et des installations militaires en Syrie, en riposte à des tirs d'obus sur le nord d'Israël, d'après l'armée israélienne.

Agences