Aux premières heures de vendredi, des témoins palestiniens ont fait état de frappes israéliennes près de Rafah (sud), nouvel épicentre de la guerre menée par Israël. D'intenses tirs d'artillerie ont été effectués jeudi dans cette zone, mais aussi dans le secteur de Nousseirat (centre).
Selon des journalistes sur le terrain, des tirs d'artillerie ont eu lieu jeudi à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza. Toujours dans le nord, les forces israéliennes ont visé Beit Lahia et le camp de Jabalia, selon des témoins.
En dépit de l'indignation internationale soulevée par le bombardement meurtrier mené dimanche contre un camp de déplacés à Rafah, l'armée israélienne poursuit depuis le 7 mai son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée.
Depuis la frappe meurtrière sur un camp de déplacés à Rafah, des manifestations se sont multipliées en France. Et jeudi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège de la chaîne privée TF1, près de Paris, pour protester contre la diffusion sur la chaîne d'information du groupe, LCI, de l’entretien du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"Corridor de Philadelphie"
Le déploiement terrestre à Rafah a permis à Israël de prendre le contrôle "ces derniers jours" du "couloir de Philadelphie", une zone tampon de 14 kilomètres qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza.
L'Egypte a démenti l'existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu'Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah.
Le Caire et Israël se renvoient par ailleurs la responsabilité du blocage de l'acheminement de l'aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l'Egypte, depuis que l'armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien de ce passage, début mai.
Selon le site Axios, les Etats-Unis prévoient une rencontre la semaine prochaine au Caire entre des responsables américains, égyptiens et israéliens pour discuter de la réouverture du terminal de Rafah et d'un plan pour sécuriser la frontière entre l'Egypte et le sud de la bande de Gaza.
Le point de passage de Rafah est crucial pour l'entrée de l'aide dont la population de la bande de Gaza, dévastée par bientôt huit mois de guerre, a désespérément besoin.
L'ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où les produits entrent au compte-goutte via d'autres passages, notamment ceux israéliens d'Erez et de Kerem Shalom où "plus de 250 camions d'aide humanitaire" sont entrés jeudi selon l'armée israélienne, un niveau qui reste toutefois en deça des besoins pour Gaza selon l'ONU.
Conférence de paix ?
A l'heure où la guerre s'étire dans la bande de Gaza, le parti israélien de centre-droit de Benny Gantz, ancien rival devenu membre du cabinet de guerre de M. Netanyahu, a déposé jeudi un projet de loi pour dissoudre le Parlement et tenir des élections anticipées.
Mais un tel scénario signifierait "une capitulation face aux pressions internationales et un coup fatal aux efforts visant à libérer nos otages", a riposté le Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu.
Devant le gel des négociations indirectes pour un cessez-le-feu, le Hamas a affirmé jeudi être favorable à une trêve qui inclurait un "accord global sur un échange" d'otages et de prisonniers palestiniens, mais uniquement si Israël arrêtait ses bombardements.
Dans ce contexte d'une médiation américaine qui piétine, le président chinois, Xi Jinping, a plaidé pour l'organisation d'une "conférence de paix élargie" pour mettre fin au conflit.