Il aura fallu moins de 24 heures aux étudiants d’Aix-Marseille Université avant d’être délogés par les forces de l’ordre. Mercredi 22 mai, un groupe d’une trentaine d’étudiants commence à occuper un amphithéâtre de l’université. Le lendemain, vers 19 h, les policiers sont rentrés au sein de l’établissement pour les forcer à sortir.
"On nous a traités comme des animaux"
Les étudiants mobilisés dénoncent la "violence" de l’interpellation.
"Une trentaine d’hommes en uniformes avec des casques, des armes et des scies sauteuses sont rentrés. Ils nous ont encerclés, nous ont crié dessus dans un mégaphone. Ils avaient une attitude tellement menaçante” raconte à TRT français Myriam, une étudiante d’Aix-Marseille Université et participant au blocage.
Selon les manifestants, c’est le président de l’université, Eric Berton, qui a demandé l’intervention des forces de l’ordre. Adam, lui aussi, présent dans l’amphithéâtre, soutient que la mobilisation était "pacifique". "Il y avait même plus de policiers que d’étudiants, ajoute-t-il. Il n’y avait aucune négociation possible".
Rose est, également, venue occuper l’amphithéâtre. Elle se dit profondément "choquée par ce qu’il s’est passé". "C’est la première fois qu’il y a autant de policiers qui entrent dans l’université".
Un appel à la liberté d’expression et de réunion
Avant de prendre position au sein de l’établissement, les étudiants ont adressé une lettre au président, Eric Berton.
"Nous, ce qu’on a essayé de dénoncer, c’est l’atteinte à notre liberté d’expression. Depuis fin octobre, on est empêchés de nous réunir pour parler de la situation entre nous. On est empêchés de tracter pour sensibiliser sur la situation en Palestine", nous explique Myriam. Elle fait référence à la convocation de deux étudiants, convoqués, en juin, en conseil disciplinaire, pour avoir distribué des tracts sur le conflit Israël-Palestine, en avril.
Les étudiants souhaitent également que l’université publie un communiqué officiel, dans lequel elle reconnaît le génocide perpétré par Israël et demande un cessez-le-feu immédiat et permanent sur la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Enfin, dans un mouvement anti-colonial général, les élèves mobilisés demandent aussi qu’Aix-Marseille Université apporte son soutien aux Kanaks, peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie luttant actuellement pour leur indépendance.
Dans la matinée du 23 mai, Eric Berton, a répondu aux élèves par mail : «La situation au Proche-Orient nous préoccupe toutes et tous. Cependant, et c’est une position partagée avec de très nombreux présidentes et présidents, l’université doit rester un lieu de sérénité et de respect pour l’ensemble de notre communauté».
Dans celui-ci, le président est revenu sur «l’exemption de droits d’inscription» envers les étudiants palestiniens et le déploiement du programme d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil.
La jeunesse, fer de lance de la mobilisation pro-palestinienne
A travers le monde, les étudiants élèvent leurs voix pour dénoncer ce qu’il se passe à Gaza. La Sorbonne, l’ENS Paris ou encore l’université Humboldt de Berlin deviennent des campements temporaires en soutien aux Palestiniens.
"Au bout de huit mois avec plus de 35 000 morts, la réalité est visible auprès de tous. Il nous reste plus que la jeunesse. On est dans une université. On est censés pouvoir s’émanciper politiquement, affirmer nos opinions. Comment se développer en tant qu’individu dans un climat de génocide alors qu’on nous dit de nous taire ?", interpelle Rose.
Une manifestation est organisée, ce dimanche 26 mai, devant la Porte d’Aix, dans le 3e arrondissement de Marseille, à partir de 15 h. "Nous ne resterons pas passifs. Faisons entendre nos voix et celles des Palestiniens", écrivent les responsables du rassemblement sur Instagram.