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Les Gabonais vaquent normalement à leurs occupations au lendemain du scrutin présidentiel de dimanche dernier. Le calme qui a plané sur le scrutin ne saurait masquer les questions ni éclipser la suspicion si bien que beaucoup se demandent quels lendemains leur sont promis.
Les jours qui ont précédé la présidentielle de samedi dernier au Gabon, ont été marqués par les doléances du candidat d'Alternance 2023, la principale plateforme de l’opposition. En effet, Albert Ondo Ossa se plaint d’avoir été empêché de faire campagne normalement. Les observateurs internationaux tout comme les journalistes internationaux n’ont pu être présents, faute d’accréditations.
Le jour même du scrutin, internet a été coupé et le couvre-feu instauré dans le pays de 20 heures à 6 heures. Les autorités disent vouloir prévenir des violences du fait des fausses informations. La liste des restrictions s’est allongée dimanche l’interruption du signal des chaines France 24, RFI et TV 5. Violences de 2016 Une situation qui rappelle celle qui a prévalu en 2016.
Violences de 2016
Cette année-là, Ali Bongo Ondimba qui avait succédé à son père Omar Bongo en 2009 venait de remporter l’élection. Il devançait Jean Ping, alors leader de l’opposition de 5000 voix d’après les statistiques officielles. Mais Jean Ping avait contesté le résultat et dès le 31 août, le pays s’était embrasé, menaçant de sombrer dans la guerre civile. Face à la mobilisation populaire, l’armée avait tiré à balles réelles, ciblant même le quartier général de Jean Ping. La tension avait duré jusqu’en septembre 2016. On dénombra de nombreux blessés et disparus. La société civile déplora 28 morts alors que les autorités avançaient le chiffre de 3 décédés.
Pour atténuer les tensions, le pouvoir a organisé un dialogue politique, sans Jean Ping qui se faisait appeler « président élu ». Au bout du compte, les délégués décidèrent de modifier le processus électoral. Le scrutin uninominal à un tour passait à deux tours et le Centre gabonais des élections : ( CGE ) avait remplacé la Commission électorale autonome et permanente. Son rôle : organiser le processus électoral jusqu'à la proclamation des résultats. En 2023, année de la présidentielle, il y a eu deux changements majeurs. La modification de la constitution et du code électoral. Le mandat présidentiel passe ainsi de sept à cinq ans et le scrutin se voit réduit à seul tour. On organise des élections générales, puisque la présidentielle, les législatives et les locales se déroulent simultanément. Les mandats des élus sont illimités.
Ultime changement du code électoral en 2023, le bulletin unique est adopté autant pour la présidentielle que pour les législatives. Ali Bongo, 64 ans, fragilisé par un accident cardiovasculaire en 2018, compte remporter la présidentielle pour un troisième mandat. En face de lui, Albert Ondo Ossa, le candidat de la plateforme Alternance 2023 qui clame déjà sa victoire avant même l’officialisation des résultats.