Le président chinois Xi Jinping a appelé, ce jeudi, à l'organisation d'une conférence de paix "élargie" pour résoudre le conflit à Gaza, lors d'un forum réunissant dirigeants et diplomates arabes à Pékin.
Dans ce territoire, "la guerre ne devrait pas se poursuivre indéfiniment. La justice ne devrait pas être absente pour toujours", a-t-il déclaré dans un discours.
Xi Jinping a par ailleurs loué la "profonde affinité" entre la Chine et les pays arabes et appelé à renforcer leur coopération en matière d'énergie, alors que Pékin est déjà un client majeur pour les pays exportateurs de pétrole de la région.
Rappelant la nécessité selon lui d'une "solution à deux États", Xi Jinping a souligné que la Chine soutenait "fermement la création d'un État palestinien indépendant" et "l'adhésion pleine et entière de la Palestine à l'ONU".
Il a aussi plaidé pour l'organisation d'une "conférence de paix internationale élargie" avec un grand nombre de participants.
De son côté, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé la communauté internationale à empêcher "toute tentative de contraindre les Palestiniens à quitter leur terre par la force".
La guerre a déplacé la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.
Il n'y a "pas de chemin vers la paix et la stabilité dans la région" sans une "approche globale de la cause palestinienne", a-t-il affirmé.
- "Règlement rapide" -
La Chine entretient de bonnes relations avec Israël mais soutient depuis des décennies la cause palestinienne.
Et "Al Sissi est intéressé par le soutien politique de la Chine à un moment où les tensions avec Israël sont fortes", note Ahmed Aboudouh, membre associé du cercle de réflexion londonien Chatham House.
Le président égyptien "a le sentiment que l'Égypte est de plus en plus acculée au pied du mur et souhaite obtenir le plus de soutien possible de pays importants".
Mercredi, en recevant Al Sissi au palais du Peuple à Pékin, Xi Jinping lui a confié que la Chine était "profondément attristée" par la situation humanitaire "extrêmement grave" à Gaza.
L'Égypte, le Qatar et les États-Unis sont engagés depuis des mois dans des pourparlers visant à obtenir une trêve durable à Gaza, assortie d’une libération des otages enlevés par le Hamas.
"La Chine apprécie le rôle important joué par l'Égypte dans l'apaisement de la situation et l'acheminement de l'aide humanitaire", a affirmé Xi Jinping, se disant prêt à "soutenir un règlement rapide, global, juste et durable de la question palestinienne".
Pékin a renforcé, ces dernières années, ses relations commerciales et diplomatiques avec le Moyen-Orient.
"L'amitié entre la Chine, le peuple chinois et les pays arabes remonte aux échanges amicaux le long de l'ancienne Route de la soie", a rappelé, ce jeudi, le président chinois.
Xi Jinping a lancé il y a dix ans un vaste projet d'infrastructures dans le monde, baptisé Nouvelles routes de la soie, auquel 21 pays arabes ont déjà souscrit, selon les médias d'Etat chinois.
La Chine a ainsi supervisé et facilité le spectaculaire rapprochement diplomatique, l'an passé, entre deux grandes puissances régionales, l'Iran et l'Arabie saoudite.
Fin avril, elle avait annoncé avoir accueilli des représentants du Hamas et du Fatah, deux groupes palestiniens qui se déchirent, afin de promouvoir "la réconciliation intra-palestinienne".
- "Voix commune" -
La diplomatie chinoise a dit espérer que cette conférence "fasse entendre une voix commune sino-arabe" sur la question palestinienne.
Le bilan de la guerre israélienne sur Gaza a atteint, mercredi, 36.171 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de l’enclave assiégée.
Pour les analystes, la Chine peut utiliser son engagement dans ce dossier pour renforcer encore sa position dans la région, en mettant en avant ses efforts par rapport à ce qu'elle perçoit comme de l'inaction de la part des États-Unis.
"Pékin considère le conflit actuel comme une occasion en or de critiquer la politique de deux poids deux mesures de l'Occident sur la scène internationale et d'appeler à un ordre mondial alternatif", explique à l'AFP Camille Lons, experte du Conseil européen des relations étrangères.
Sur le terrain à Gaza, l'armée israélienne poursuit son offensive ce jeudi, malgré les critiques visant son offensive sur Rafah après avoir affirmé la veille avoir pris le contrôle d'une zone tampon stratégique entre la bande de Gaza et l'Égypte située à proximité de Rafah, nouvel épicentre de sa guerre contre le Hamas.
Le conseiller à la sécurité nationale israélien Tzachi Hanegbi a affirmé que la guerre pourrait durer "encore sept mois", afin d'atteindre l'objectif de détruire le Hamas.
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