La question de l’asile divise la classe politique néerlandaise depuis des années, mais l’annonce de nouveaux plans prévoyant de réduire drastiquement l’immigration dans le pays n’est pas une surprise. En 2024, le parti d’extrême droite de Geert Wilders a en effet gagné les élections législatives. Six mois plus tard, un gouvernement de coalition a été formé, avec à sa tête l’ancien chef du contre-espionnage Dick Schoof. Le haut-fonctionnaire a également dirigé le bureau antiterroriste et a été le chef du service immigration du pays.
Avec ce choix de Premier ministre, le ton a été donné et la coalition au pouvoir compte quatre partis, dont le Parti pour la liberté (PVV), un parti d’extrême droite violemment antimigrants, qui avait promis une révision et un durcissement de la politique d’asile lors de la campagne électorale.
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L’exécutif néerlandais a annoncé ce vendredi vouloir déclarer une “crise sur l’asile” et durcir les lois nationales en la matière. Le gouvernement envisage l'abrogation d'une "loi sur la distribution" - qui oblige les municipalités à créer des places d'accueil pour demandeurs d'asile - et veut durcir les règles sur le regroupement familial.
Dans sa présentation publique, le gouvernement estime que le pays ne peut plus faire face aux nombreuses demandes d’asile. Selon lui, 48 500 demandeurs d’asile sont entrés dans le pays en 2023.
Ce n’est pas le premier pays européen à vouloir durcir les règles d’accueil des demandeurs d’asile. La Hongrie s’est notoirement affranchie des règles européennes en la matière depuis 2020 et a été condamnée à verser 200 millions d’euros d’amende par la Cour de justice européenne (CJUE).
L’asile européen remis en question
Ainsi, les Pays-Bas veulent demander à l'UE de se retirer de la politique migratoire européenne. Le Premier ministre, Dick Schoof, a confirmé cette intention pour sortir, a-t-il insisté, “dès que possible” des règles en matière d’asile et de migration.
Un coup dur pour l’Union européenne, car cette demande émane d’un des pays fondateurs de l'Union et suit de peu la décision allemande de temporairement rétablir des contrôles aux frontières de neuf Länders pour limiter les arrivées illégales.
Ces mesures interviennent alors que le Conseil européen a pourtant adopté en mai dernier un nouveau pacte sur l’asile et la migration durcissant les contrôles aux frontières. Un pacte qui introduit également une obligation de solidarité entre États membres, chaque pays devant accueillir une partie des migrants entrant dans l’UE ou aider financièrement les pays d’entrée, et prévoit le traitement des demandes d’asile dans des pays tiers avant l’arrivée en Europe. Ce pacte doit entrer en vigueur en 2026.