"Ils nous ont lancé des tracts, nous ordonnant d'évacuer", a déclaré Reem Abou Hayya, en référence aux tracts largués par avion jeudi par l'armée israélienne pour ordonner l'évacuation de certaines zones avant des opérations militaires dans ce gouvernorat dans le sud de la bande de Gaza.
Les tracts demandaient aux habitants d'évacuer les villes de l'est du gouvernorat de Khan Younis, notamment Al-Salqa, Al-Qarara, Bani Souheila, et des quartiers de la ville éponyme.
Toutes ces zones ont déjà fait l'objet d'évacuations et d'opérations militaires depuis le début de la guerre.
L'offensive militaire a fait près de 40.000 morts dans le territoire palestinien, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.
Vendredi, l'armée a annoncé le lancement d'une nouvelle opération à Khan Younis, à la suite de "renseignements faisant état de la présence de terroristes et d'infrastructures terroristes" dans cette zone.
"Qu'ils aient pitié de nous!"
"Nous ne savons pas où nous allons, et nous avons des malades et des handicapés avec nous. Où pouvons-nous aller?", a raconté Abou Hayya, dans un cri de désespoir devant un bâtiment détruit.
Dans un territoire assiégé qui a été constamment bombardé au cours des dix derniers mois et où les approvisionnements entrent très difficilement, les habitants ont emmené tout ce qu'ils pouvaient lors de leur évacuation jeudi.
L'essence étant rare, seuls les plus fortunés se sont déplacés en voiture, souvent avec des matelas empilés sur le toit. La grande majorité des personnes ont marché en transportant leurs affaires dans des sacs en plastique et des sacs poubelles, sur des charrettes tirées par des ânes, des vélos, des poussettes ou des fauteuils roulants.
"Assez! Qu'ils regardent tous les deux les habitants de Gaza, qu'ils aient pitié de nous pour l'amour de Dieu", a lancé Ahmed Al-Najjar.
Mohammad Al-Farra, originaire de Cheikh Nasser, dans l'est de Khan Younis, est lui aussi excédé par les nombreux déplacements avec sa famille.
"Nous avons été les premiers à rentrer chez nous (...) dès la fin de l'opération militaire dans notre région, pour échapper à la chaleur, au déplacement et aux difficultés", a expliqué à cet homme de 46 ans.
"Puis l'occupation est revenue pour nous chasser à nouveau, nous faisant subir la tragédie plusieurs fois", a-t-il ajouté: "Nous sommes épuisés, la guerre doit cesser immédiatement pour que nous puissions nous sentir à nouveau humains, ne serait-ce qu'un peu".