Le pays de 11,5 millions d'habitants a reçu l'année dernière quelque 36.800 demandes d'asile -principalement d'Afghans, de Syriens, de Palestiniens, de Burundais- en plus des 63.000 Ukrainiens bénéficiant d'un statut de protection temporaire, selon les statistiques officielles présentées mercredi.
"Une telle augmentation soudaine de 100.000 personnes qui cherchent une protection dans notre pays pose des problèmes, cela pèse lourd sur notre système", dont les structures d'accueil sont "débordées", a reconnu Nicole de Moor dans un entretien à l'AFP.
Cette saturation contraint de nombreux demandeurs d'asile à dormir dans la rue. Certains ont trouvé refuge dans un squat bruxellois insalubre où règne l'insécurité. L'Etat belge a été condamné à de multiples reprises par les tribunaux du pays et la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) au sujet de l'hébergement de ces exilés.
Quelque 4.000 places ont été créées en 2022, portant à 33.505 places la capacité de l'agence pour l'accueil des demandeurs d'asile, Fedasil, qui a aussi recruté plus de 800 employés.
"Aujourd'hui on a la plus grande capacité d'accueil qu'on ait jamais eue, on n'a jamais eu autant de personnel dans nos services d'asile", souligne Mme de Moor, qui s'est engagée à "continuer à créer des capacités supplémentaires".
Mais "c'est clair que cela seul ne va pas suffire", martèle-t-elle. "On doit réformer le système".
"Besoin d'une répartition équitable"
"Au niveau européen, on doit vraiment avoir une meilleure politique de gestion des frontières et on a besoin d'une répartition équitable, parce qu'aujourd'hui il y a des pays qui ont beaucoup moins de demandeurs d'asile que la Belgique", relève-t-elle.
"La Belgique a vraiment une pression disproportionnée par rapport à d'autres pays", juge la responsable.
Sur les onze premiers mois de 2022, plus de 900.000 demandes d'asile ont été déposées dans l'ensemble des pays de l'UE (plus l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse), soit une hausse de plus de 50% par rapport à la même période en 2021, selon l'Agence de l'UE pour l'asile (EUAA) --qui souligne toutefois que les chiffres de 2021 étaient bas en raison des restrictions de déplacements liés à la pandémie.
Le commissariat belge aux réfugiés et apatrides souligne que la Belgique se situe "dans le groupe des Etats membres qui reçoivent le plus grand nombre de demandes par rapport à leur population".
Il indique que les autres pays de l'UE confrontés à un "nombre relativement élevé de demandes" sont l'Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Grèce, tandis que "le nombre de demandes reste très faible dans les pays scandinaves".
La Belgique, comme d'autres pays de l'UE, se plaint d'être confrontée à une forte "migration secondaire", c'est-à-dire de voir arriver sur son sol de nombreux demandeurs d'asile qui sont déjà enregistrés ailleurs dans l'UE. La règlementation européenne confie cette responsabilité au premier pays de l'UE dans lequel arrive un migrant.
"Il y a des demandeurs d'asile qui voyagent d'un pays vers l'autre", déplore la secrétaire d'Etat, alors que la réforme de la politique migratoire de l'UE présentée par la Commission en septembre 2020 piétine.
Mme de Moor souhaite par ailleurs voir adopter rapidement en Belgique un paquet de réformes en matière migratoire pour "arriver à une politique de retour (des migrants en situation irrégulière vers leur pays d'origine) plus humaine mais plus efficace aussi", prévoyant également un changement dans les règles sur le regroupement familial "pour éviter des abus".