Sur les 500 entreprises et institutions financières qui ont "la plus grande influence sur la déforestation" recensées en 2023 par Global Canopy, 187, soit 37%, n'ont "aucun engagement public" pour lutter contre la déforestation, contre 201 (40%) l'an dernier.
Dans le détail, cela concerne 104 des 350 entreprises (30% contre 31% l'an dernier) consommatrices de matières premières liées à la déforestation (bois, huile de palme, boeuf, cuir, papiers, soja) et 83 des 150 banques et fonds qui les financent le plus (55% contre 61% l'an dernier).
Seulement 14 de ces groupes ont donc publié pour la première fois leurs engagements en un an, selon le rapport publié mardi.
En 2023, l'Union européenne a voté la fin en 2025 de l'importation de produits (cacao, café, soja, huile de palme, bois, viande bovine, caoutchouc) s'ils sont issus de terres déboisées, tout comme le Royaume-Uni.
Plus encore, l'accord trouvé à la 28e Conférence des Nations unies sur le climat à Dubaï en décembre souligne la nécessité d'accentuer les efforts pour stopper la déforestation d'ici 2030.
Mais Global Canopy rappelle qu'il y a dix ans, de nombreuses entreprises s'étaient déjà engagées contre la déforestation après un sommet de l'ONU à New York. Depuis, presque un quart des 257 entreprises qui ont été nommées dans chacun des dix rapports de l'ONG n'ont toujours pas affiché d'engagement.
Parmi elles, figure le géant allemand de la distribution de chaussures Deichmann qui avait expliqué l'année dernière à l'AFP "ne pas se fournir en matières premières dans des pays liés au sujet de la déforestation".
Parmi les institutions financières n'ayant affiché aucun engagement depuis 10 ans figurent le groupe BPCE, BlackRock, Bank of China ou encore Wells Fargo.
Des promesses... puis des actes ?
"L'action volontaire (des entreprises, NDLR) a échoué", a déclaré à l'AFP la principale autrice du rapport Emma Thompson, appelant à une "régulation forte" avec des "critères clairs sur la déforestation et les droits humains" souvent menacés dans les territoires concernés.
Il faut aussi exiger de la "transparence" des entreprises et que les règles s'appliquent au secteur financier, préconise-t-elle.
Selon le rapport, les trois institutions qui financent le plus les 350 entreprises figurant dans le classement de Global Canopy - JPMorgan Chase, Bank of America et Mitsubishi UFL Financial - n'ont publié aucun engagement contre la déforestation.
L'ONG souligne aussi que les promesses ne sont pas tout le temps suivies par des actes, avec 63% des entreprises ayant affiché au moins un engagement pour lutter contre la déforestation qui n'ont pas ensuite fourni de preuve suffisante de sa mise en oeuvre. Global Canopy cite en exemple Adidas, Starbucks et Gap.
Le géant suédois du meuble Ikea s'est engagé sur chacune des matières premières liées à la déforestation. Ses efforts de communication et sur le suivi des engagements sur le bois sont salués par Global Canopy, qui pointe toutefois une faiblesse sur le papier et encore plus sur le cuir, rendant difficile la mesure de ses progrès.
Selon Emma Thompson, la nouvelle loi européenne constitue une "étape positive" bien que d'autres pays soient encore en retard.
Mais le rapport souligne que seulement 1% des entreprises sont sur la bonne voie pour se conformer à ces futures réglementations, en citant les deux géants du luxe français LVMH et Kering.
Selon Global Canopy, les campagnes de sensibilisation de l'opinion publique ont aussi permis de faire pression, notamment pour entraîner des actions des entreprises pour réduire la déforestation liée à la production d'huile de palme.
Mais l'élevage de boeufs, une des principales causes de déforestation des forêts tropicales, reste le parent pauvre en la matière.