Depuis 05H00 (02H00 GMT) mercredi, des bombardements israéliens touchent le sud du pays, d'après l'agence de presse libanaise NNA, mais aussi la région de Baalbek (est), bastion du Hezbollah, affirme la chaîne du mouvement libanais, al-Manar, et d'autres médias libanais.
L'armée israélienne avait indiqué plus tôt dans la nuit avoir conduit d'"importantes frappes" sur des dizaines de cibles du Hezbollah dans le sud et la région de la Békaa (est).
A Saadiyat, au sud de Beyrouth, Israël a par ailleurs frappé un "entrepôt" tôt mercredi matin, d'après une source sécuritaire libanaise.
Le Hezbollah a confirmé mercredi qu'un de ses responsables militaires, Ibrahim Mohammed Kobeissi, avait été tué dans un bombardement israélien mardi sur la banlieue sud de la capitale, qui a fait au total six morts et 15 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.
L'armée israélienne avait indiqué plus tôt avoir "éliminé" ce "commandant du réseau de missiles et de roquettes" du Hezbollah ainsi qu'"au moins deux" autres commandants dans la même frappe.
En réponse, le Hezbollah a tiré "environ 300 roquettes" sur le territoire israélien, "blessant six civils et soldats, la plupart légèrement", selon l'armée israélienne. Le mouvement libanais a pour sa part revendiqué 18 attaques, notamment contre le siège du commandement nord de l'armée israélienne près de Safed et une base navale au sud de Haïfa, le grand port du nord.
"Nous continuerons à frapper le Hezbollah. Et je dis au peuple libanais: notre guerre n'est pas contre vous" mais "contre le Hezbollah", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une vidéo diffusée par son bureau.
Israël a annoncé à la mi-septembre déplacer le "centre de gravité" de ses opérations militaires de Gaza vers le nord du pays, pour y permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences transfrontalières.
Les récents raids meurtriers ont précipité des centaines de milliers de Libanais sur les routes pour fuir le sud, comme Zeinab Diab, son mari et leurs quatre enfants. Leur village proche de la frontière a été "pratiquement détruit", raconte-t-elle.
- "Au bord du gouffre" -
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence mercredi, à la demande de la France. Faisant écho à d'autres responsables à travers le monde, le chef de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a dit craindre "une guerre à part entière" et que "le Liban devienne comme Gaza".
L'inquiétude face à cette escalade entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, a dominé l'ouverture à New York de l'Assemblée générale des Nations unies.
"Le Liban est au bord du gouffre", a alerté à la tribune le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui sera présent lors de la réunion d'urgence du Conseil de sécurité à 18H00 (22H00 GMT), selon la présidence slovène du Conseil.
Les frappes aériennes israéliennes de lundi, d'une intensité sans précédent depuis le début des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise en octobre 2023, ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises, soit le plus lourd bilan humain en une journée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
L'armée israélienne a affirmé avoir frappé environ 1.600 cibles du Hezbollah dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, tuant "un grand nombre" de ses membres.
- "Encore plus de barbarie" -
Le nombre de Libanais déplacés "approche probablement le demi-million" depuis le renforcement de la campagne de bombardements israéliens, a indiqué le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib.
Des dizaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont fui vers Saïda, la plus grande ville du sud, Beyrouth ou la Syrie.
"On ne savait même plus d'où venaient les bombardements. C'est comme si cette fois-ci il y avait encore plus de barbarie", témoigne Zeinab Diab, 32 ans, réfugiée avec des centaines de familles dans une école transformée en centre d'accueil près de Beyrouth.
Les écoles et universités resteront fermées jusqu'à la fin de la semaine au Liban. De nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols à destination de Beyrouth.
Le Royaume-Uni a annoncé mardi soir l'envoi de 700 militaires à Chypre pour préparer une possible évacuation de ses ressortissants du Liban.
Le Hezbollah a juré de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
Les échanges de tirs entre les deux parties se sont intensifiés depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
A la tribune de l'ONU, Joe Biden a fait écho à M. Guterres, mettant en garde contre une "guerre généralisée" au Liban, et estimant qu'il était "temps de finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza.
D'autres dirigeants ont fustigé les actions d'Israël, à Gaza ou au Liban. L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a qualifié la guerre à Gaza de "crime de génocide".
Selon la présidence française, Emmanuel Macron a appelé son homologue iranien Massoud Pezeshkian à "soutenir une désescalade générale", en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. M. Pezeshkian avait plus tôt affirmé sur CNN que le Hezbollah ne pouvait "pas rester seul" face à Israël.