Une jeune fille regarde les habitants recevoir de la nourriture et de l'eau lors d'une distribution dans la ville de Mtsahara, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien. / Photo: AFP (AFP)

Mayotte, île de l’archipel des Comores sous administration française, traverse l’une des plus graves crises humanitaires de son histoire après un cyclone dévastateur. La gestion française de la crise est de plus en plus critiquée.

Malgré ses ressources limitées, les Comores ont mobilisé 250 tonnes de vivres et d’eau, prêtes à être acheminées vers Mayotte. Pourtant, une partie de cette aide est actuellement bloquée au port de Mutsamudu, faute d’autorisation des autorités françaises.

“Nous avons clairement dit aux autorités françaises que la sécurité civile comorienne était en attente de déploiement à Mayotte”, a expliqué Houmed Msaidie, conseiller du chef de l’État comorien.

Les Comores ont également proposé un soutien matériel, qui n’a pas été accepté par la France, malgré la gravité de la situation. Une autre source proche du gouvernement a même révélé à l’AFP que “les Français ont refusé l’envoi de pompiers comoriens” à Mayotte.

Des experts locaux dénoncent l’absurdité de cette décision. Patrick Millan, dirigeant de Kwezi TV, un média mahorai, a rappelé qu’à seulement quelques kilomètres de Mayotte, des usines à Madagascar et aux Comores sont capables de fournir de l’eau en quantité.

“Il existe des solutions immédiates pour avoir de l’eau pour tout le monde. Aux Comores, il y a une usine d’eau, c’est à 60 kilomètres de Mayotte. À Madagascar, à 323 kilomètres de Mayotte, il y a une autre usine d’eau, qui est capable de produire de l’eau en quantité. Et ces gens sont capables de proposer de l’aide à Mayotte. Seulement, je ne sais pas pourquoi, du côté de la France, nous n’avons pas besoin de l’aide internationale et encore moins de celles des Comores et de celle de Madagascar. Un peu plus d’humilité. C’est bien que tout arrive de Paris ou de la Réunion, mais juste à côté de nous, il y a des possibilités…”, a-t-il expliqué au micro de BFMTV le 21 décembre.

Des élus dénoncent un manque d'aide sur le terrain

"Qu'est-ce qu'ils font?" : plus de dix jours après le passage du cyclone Chido qui a ravagé l'archipel français de Mayotte, des élus locaux expriment leur colère face à "l'écart" entre les annonces de l'État et le manque criant d'aide sur le terrain.

Certaines communes mahoraises n’ont toujours reçu aucune aide après le passage du cyclone, selon des élus mahorais et réunionnais. "Nous voyons la mobilisation, mais rien de concret sur le terrain", déplore Sitirati Mroudjae, élue à Dembeni. Sa commune manque de tout, ce qui a conduit à la fermeture des centres d'hébergement.

Les autorités ont annoncé des distributions, mais sur place, "il y a un écart", selon Saïd Salim. L’élue réunionnaise Ericka Bareigts s’interroge : "Où est l’armée ?" Pendant ce temps, des habitants implorent : "On crève de faim et de soif, aidez-nous !"

Mayotte, île de l’archipel des Comores sous administration française, traverse l’une des plus graves crises humanitaires de son histoire après le cyclone dévastateur. Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle s'élève à 39 morts et environ 4 000 blessés.

Installé dans un stade à l'est de Mamoudzou, un hôpital de campagne, comprenant une maternité et deux blocs opératoires, a ouvert ses portes dix jours après la catastrophe pour pouvoir accueillir jusqu’à 100 patients par jour en consultation et assurer jusqu’à 30 hospitalisations.

Les tensions entre la France et les Comores à propos de Mayotte sont enracinées dans des différends historiques, politiques et sociaux. Historiquement, Mayotte fait partie de l’archipel des Comores. Lors de l’indépendance des Comores en 1975, Mayotte a choisi de rester française lors d'un référendum, une décision rejetée par l'Union africaine et les Comores, qui revendiquent toujours l'île.

TRT Français et agences