Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a défendu la guerre génocidaire de son pays dans la bande de Gaza assiégée, exhortant les États-Unis à continuer leur soutien à Tel Aviv, tout en se moquant des manifestations opposées à la guerre et ce, lors d’un discours cinglant devant le Congrès.
Netanyahu a, également, cité un rapport des services de renseignement non vérifié et a ignoré une grande partie des critiques d’une guerre qui a tué des dizaines de milliers de Palestiniens et dévasté Gaza.
Voici un aperçu des affirmations et des faits :
Affirmation : “Malgré tous les mensonges que vous avez entendus, la guerre à Gaza a l’un des ratios les plus bas de victimes combattantes par rapport aux victimes non combattantes de l’histoire de la guerre urbaine”.
Les faits : Le nombre de personnes tuées confirmées à Gaza s’élève à près de 40 000, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui a publié à plusieurs reprises des listes de morts, y compris leurs numéros d’identification délivrés par Israël, et dont les données des conflits passés ont été attestées par l’ONU comme fiables. La majorité des morts –des dizaines de milliers– sont des femmes et des enfants, et tous les hommes tués n’ont pas été des combattants.
Israël a largement ignoré les victimes civiles, jetant la responsabilité sur le Hamas alors que leur nombre a considérablement augmenté au cours des neuf derniers mois. Le nombre réel de morts est probablement beaucoup plus élevé que les chiffres officiels du ministère, un fait que même l’administration Biden a reconnu. Beaucoup de morts restent probablement enterrés sous les vastes champs de décombres de Gaza ou ont été sommairement enterrés sur des sites de fortune par les forces israéliennes.
Affirmation : “Je vous suggère d’écouter le colonel John Spencer. John Spencer est responsable des études sur la guerre urbaine à West Point. Il a étudié tous les grands conflits urbains, j’allais dire “dans l’histoire moderne“, il m’a corrigé, “non, dans l’histoire”. Israël, a-t-il dit, a mis en œuvre plus de précautions pour prévenir les pertes humaines parmi les civils que n’importe quelle armée dans l’histoire, et au-delà de ce que le droit international exige.
Les faits : Spencer est un analyste militaire qui est le président du programme d’études sur la guerre urbaine à West Point. C’est un pro-israélien bien connu dont l’analyse de Gaza est largement unique au sein de la communauté au sens large.
Les affirmations de Netanyahu, que Spencer a approuvées sur X, sont en contradiction flagrante avec les appels répétés à Israël pour qu’il fasse davantage pour atténuer les dommages causés aux civils, y compris de la part de l’administration Biden qui a déclaré pendant des mois qu’il fallait faire plus non seulement pour éviter de nouvelles morts, mais aussi pour améliorer la situation humanitaire dans tout Gaza.
L’ONU a également vivement critiqué les conditions dans ce qu’Israël considère comme des “zones de sécurité”. James Elder, un porte-parole de l’UNICEF, a déclaré le 16 juillet : en vertu du droit international, l’endroit où vous évacuez les gens doit disposer de ressources suffisantes pour survivre – des installations médicales, de la nourriture et de l’eau. C’est-à-dire que ces soi-disant zones de sécurité sont sûres non seulement lorsqu’elles sont à l’abri des bombardements, mais aussi lorsque ces conditions –nourriture, eau, médicaments, protection– sont réunies. Cependant, ces zones sûres sont de minuscules parcelles de terre stérile ou des coins de rue ou des bâtiments à moitié construits, sans eau, sans installations, sans abris contre le froid et la pluie. Et maintenant, dans un autre rebondissement meurtrier pour les familles de Gaza, ceux qui ont été forcés de se rendre dans la “zone de sécurité“ d’Al Mawasi sont non seulement privés de ces services vitaux, mais ont également été bombardés trois fois au cours des six dernières semaines !”
Ces commentaires sont intervenus après que 90 personnes ont été tuées lors d’une série de frappes sur la zone de sécurité d’al-Mawasi, près de Rafah.
Affirmation : “S’il y a des Palestiniens à Gaza qui ne reçoivent pas assez de nourriture, ce n’est pas parce qu’Israël la bloque, c’est parce que le Hamas la vole”.
Les faits : L’ONU et les organisations humanitaires internationales ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises face aux restrictions israéliennes sur l’entrée de l’aide humanitaire, aux refus de progresser une fois que les convois entrent dans Gaza et aux attaques répétées d’Israël contre les convois alors qu’ils tentent d’effectuer des livraisons dont la population a cruellement besoin.
Une série de frappes aériennes israéliennes sur un convoi d’aide de la World Central Kitchen, le 1er avril, a tué sept travailleurs et a conduit les principaux groupes d’aide à suspendre leurs opérations. Et en juin dernier, le Programme alimentaire mondial a imposé une pause dans ses opérations après que deux entrepôts ont été attaqués à la roquette lors d’une opération de sauvetage d’otages israéliens qui a tué près de 300 Palestiniens.
L’agence effectuait des opérations de livraison à partir d’une jetée temporaire que les États-Unis avaient construite sur la côte de Gaza pour contourner les restrictions d’Israël. Le manque de livraisons a entraîné des pénuries extrêmes de nourriture et d’eau potable dans tout Gaza.
Un panel de 10 rapporteurs indépendants de l’ONU a certifié, le 9 juin, qu’il n’y avait “aucun doute” que la famine existait désormais dans tout Gaza.
“Nous déclarons que la campagne de famine intentionnelle et ciblée d’Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné la famine dans tout Gaza. Nous appelons la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires, à mettre fin au siège d’Israël et à établir un cessez-le-feu“, ont-ils énoncé.
Affirmation : Netanyahu affirme que les victimes civiles résultant des opérations israéliennes dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, sont “pratiquement nulles”.
Les Faits : L’affirmation est non seulement tirée par les cheveux, mais elle constitue un mensonge pur et simple. Plusieurs frappes israéliennes à Rafah ont fait des victimes civiles, dont une qui a mis le feu à un camp de tentes abritant des Palestiniens déplacés en mai, tuant au moins 46 personnes. Netanyahu lui-même a déclaré que la frappe était un “accident tragique”.
Des centaines d’autres personnes ont été soignées pour des blessures subies pendant l’attaque, notamment d’horribles brûlures. Les experts de l’ONU ont été indignés par l’assaut. Plus tôt en février, environ quatre frappes aériennes israéliennes ont tué au moins 95 civils.
Environ la moitié de ces victimes étaient des enfants. Amnesty International a qualifié l’attaque ”d'illégale” et a déclaré qu’elle ajoutait aux preuves que “les forces israéliennes continuent de bafouer le droit international humanitaire, anéantissant des familles entières en toute impunité”.
Affirmation : “La grande majorité des Américains ne sont pas tombés dans le piège de cette propagande du Hamas, ils continuent de soutenir Israël”, a-t-il déclaré.
Les faits : L’affirmation de Netanyahu selon laquelle la “grande majorité des Américains” soutiennent sa guerre à Gaza n’est tout simplement pas vraie. Sondage après sondage, une partie importante des Américains désapprouve ou a de sérieuses réserves à propos de la guerre en cours d’Israël contre Gaza.
L’enquête bimensuelle de la société de sondage Gallup a révélé que bien qu’il y ait eu une baisse modérée de la désapprobation de la guerre, chutant de sept points par rapport à mars pour atteindre 48% en juin, des réserves importantes demeurent au sein du public américain.