Le milliardaire de 76 ans, qui rêve de revenir à la tête des Etats-Unis en 2024, a quitté vers 13H30 (17H30 GMT) sa propriété de Doral pour se rendre à sa convocation devant un juge à Miami à 15H00 (19H00 GMT) qui lui notifiera les 37 charges retenues contre lui.
Après avoir subi les mêmes formalités que tout prévenu, dont une prise d'empreintes digitales, il devrait plaider "non coupable" dans ce dossier potentiellement très dommageable pour sa campagne.
Il est accusé d'avoir mis la sécurité des Etats-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, dont des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires, dans des toilettes ou des débarras de son club de luxe Mar-a-Lago, en Floride.
Il lui est également reproché d'avoir refusé de restituer ces documents malgré des injonctions judiciaires, ce qui lui vaut d'être inculpé pour "rétention illégale d'informations portant sur la sécurité nationale", mais aussi "entrave à la justice" et "faux témoignage".
Depuis sa mise en cause, le républicain dénonce "un coup monté" orchestré pour l'écarter du chemin du président démocrate Joe Biden, lui aussi en lice pour un second mandat.
A quelques heures de l'audience, il a renouvelé ses critiques contre le "ministère de l'Injustice" et le procureur spécial Jack Smith, en charge du dossier, qu'il a qualifié de "malfrat" et de "cinglé".
En parallèle, son équipe de campagne a multiplié les mails à ses partisans pour les encourager à contribuer financièrement à sa défense.
"Stupéfait"
Malgré les vives protestations de ses alliés, qui ont massivement relayé son discours ces derniers jours, seuls quelques dizaines de manifestants se sont déplacés mardi devant le tribunal de Miami pour protester contre son inculpation.
La tête couverte de perruque blonde, en référence à la chevelure de leur héros, ou plus souvent de casquettes rouges "Make America Great Again", ils ont dénoncé les poursuites contre Donald Trump devant une armée de journalistes.
"Je suis simplement stupéfait qu'en tant que pays qui représente un phare pour le monde, je doive assister à ce spectacle dégradant", a déclaré à l'AFP Lazaro Ezenar, 48 ans, alors que de nombreux policiers encadraient les abords du palais de justice.
C'est la première fois qu'un ancien président américain est inculpé au niveau fédéral et les autorités locales ont mis les moyens pour éviter tout débordement.
Mais Donald Trump a déjà connu l'épreuve d'une comparution au tribunal: début avril, il a été inculpé par la justice de l'Etat de New York pour plusieurs fraudes comptables en lien avec un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films X, qui dit avoir été sa maîtresse.
Selon une source judiciaire, une photo de lui sera enregistrée dans le système informatique du tribunal mais ne sera pas rendue publique. Et contrairement à ce qui s'était passé à New York, aucun journaliste ne pourra le filmer ou le prendre en photo dans l'enceinte du tribunal.
Donald Trump a toutefois donné rendez-vous à ses fidèles dans le New Jersey le soir même, pour une allocution prévue à 20H15 (00H15 mercredi).
Perquisition du FBI
Aux Etats-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs emails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre loi interdit de conserver des secrets d'Etat dans des lieux non autorisés et non sécurisés.
A son départ de la Maison Blanche en janvier 2021, Donald Trump a pourtant emporté des dizaines de cartons remplis de dossiers. D'après l'acte d'accusation, ils ont été empilés dans plusieurs endroits facilement accessibles, dont une salle de bals ou des toilettes, et déplacés à plusieurs reprises.
En janvier 2022, après plusieurs relances, l'ex-président a accepté de restituer des boîtes contenant près de 200 documents classifiés, mais en a conservé secrètement.
Pour les récupérer, des agents du FBI ont effectué une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago le 8 août et ont saisi une trentaine d'autres boîtes, contenant 11.000 documents.
Donald Trump n'en a probablement pas fini avec les problèmes judiciaires. Une procureure de Géorgie doit annoncer d'ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu'il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020.
Jack Smith enquête en parallèle sur son rôle dans l'assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.
Quant au procès pénal de l'ancien président à New York, il pourrait être organisé début 2024, en plein durant les primaires républicaines, dont il est actuellement le grand favori.