Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif Al Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (EAU), Abdullah bin Zayed, à la cérémonie de signature des accords d'Abraham. Sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, États-Unis, le 15 septembre 2020 / Photo: Reuters (Reuters)

Depuis le déclenchement de la guerre génocidaire qu'Israël mène à Gaza le 7 octobre 2023, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la réalité de la solidarité des pays arabes envers les Palestiniens.

De leur côté, les Etats-Unis multiplient unilatéralement depuis 48 ans, des “initiatives de paix” qui ont finalement fragilisé la solidarité arabe, marginalisé les Palestiniens et renforcé le leadership régional d'Israël.

La dernière initiative américaine dans ce sens a pour nom: les accords d’Abraham, du nom du prophète vénéré dans le judaïsme, le christianisme et l’islam. Initiés par Donald Trump et signés le 20 septembre 2020 à la Maison-Blanche, ces accords visent la normalisation entre Israël et Bahreïn d’une part et entre Israël et les Emirats Arabes Unis d’autre part.

Ces mêmes accords ont ensuite consacré la normalisation d'Israël avec le Maroc et le Soudan.

Négociés sans la Ligue Arabe ni l’ONU, ces arrangements ne prennent pas en compte la “cause palestinienne” et fragilisent le front commun arabe face à Israël.

Avant Donald Trump, Bill Clinton avait aussi adopté la même ligne de conduite: diviser les arabes, les fragiliser et renforcer le leadership régional d'Israël. C’est dans cette logique qu’il a parrainé l’accord de paix avec la Jordanie le 26 octobre 1994.

En substance, l’accord prévoit de confier la gestion des lieux saints de l’Islam à Jérusalem par la Jordanie et établit un consensus pour la gestion des eaux du Jourdain et des frontières entre les deux pays.

Diviser les Arabes

Dans le sillage de cet accord, la Jordanie et Israël ont signé en octobre 2021, un autre accord pour l’achat de 50 millions de mètres cubes d'eau à Tel-Aviv par le royaume. Il s’agit d’un volume supplémentaire à ce qui était stipulé dans l'accord de paix, signé entre les deux pays, en 1994.

Il est alors constaté que l’accent est mis sur la coopération bilatérale au détriment de la cause palestinienne et du front arabe.

Avant les accords d’Abraham et du traité de paix entre la Jordanie et Israël, le Caire et Tel-Aviv avaient inauguré les accords de Camp David, le 17 septembre 1978.

Ce fut le premier traité de paix entre un pays arabe et Israël. Ils ont été signés entre les dirigeants d’alors, le président égyptien, Anwar El-Sadat et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, sous la médiation du président américain Jimmy Carter.

Ces accords concrétisent la normalisation entre Tel Aviv et Le Caire, après la guerre de six jours à l’issue de laquelle Israël arracha le Sinaï égyptien en 1967.

Dans le monde arabe, cet accord vaut à Sadate d’être perçu comme un “traître” et à l’Egypte d’être exclue de la Ligue arabe pendant dix ans, de 1979 à 1989.

Pourtant, neuf ans auparavant (du 29 août au 1er septembre 1967), les pays arabes avaient convenu à Khartoum d’un front du refus face à Israël. La ligue Arabe adoptait alors la règle des “trois non” face à Israël : “ Pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d'Israël et pas de négociations avec Israël”.

Force est de constater qu’à la faveur d’une stratégie d’usure, les Etats-Unis ont réussi, grâce aux “accords de paix” à démonter le front du refus arabe, noyauter la cause palestinienne et renforcer le leadership d'Israël au Moyen-Orient.

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