L'accord reprend l'objectif fixé par la Commission européenne en juillet 2021 dans le cadre de son plan climat, d'augmenter l'absorption nette de carbone par les sols et forêts ("puits de carbone" naturels) à 310 millions de tonnes équivalents CO2 par an d'ici à 2030 (soit 15% de plus qu'aujourd'hui).
C'est une "étape cruciale dans la réalisation de notre promesse de parvenir à la neutralité climatique d'ici à 2050", s'est félicité le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.
Dans ce texte, révision d'une directive existante sur l'usage des sols, Bruxelles proposait des objectifs de restauration pour les forêts, tourbières et zones humides, et une simplification des aides à la reforestation ainsi qu'à l'agriculture "bas carbone".
La proposition originale suscitait les inquiétudes des Vingt-Sept, qui estimaient que la Commission n'avait pas pris suffisamment en compte les différences entre les pays, dotés de forêts en nombre et en qualité très variés selon leur climat, et l'impact des désastres naturels (incendies de forêts...) provoqués par le réchauffement climatique.
L'accord, trouvé dans la nuit de jeudi à vendredi, prévoit que les règles actuelles (selon lesquelles les pays doivent veiller à ce que les émissions issues du secteur forestier ne dépassent pas la quantité de carbone qui a été absorbée) s'appliqueront jusqu'en 2025.
A partir de 2026, où l'absorption devra excéder les émissions, chaque Etat membre aura un objectif national obligatoire pour 2030.
Une certaine "flexibilité" est toutefois prévue pour les Etats qui peinent à atteindre leurs objectifs en raison de désastres naturels ou des effets du réchauffement climatique, pourvu que l'UE dans son ensemble remplisse bien son objectif fixé pour 2030.
Les ONG environnementales CAN Europe et Fern ont fustigé cette souplesse.
Elles ont accusé les pays de l'UE d'avoir "massacré" le règlement final, indiquant qu'en Scandinavie "l'absorption du carbone par les forêts s'effondre à des niveaux effrayants".
"Si le résultat d'aujourd'hui constitue une amélioration par rapport aux règles actuelles, les États membres ont insisté pour rétablir de nombreuses échappatoires (...) Nous n'avons malheureusement aucune certitude quant à l'inversion de la tendance actuelle à la dégradation des forêts dans l'UE", a regretté Ulriikka Aarnio, de CAN Europe.
Hannah Mowat, de Fern, a déploré qu'au moment même où se tient la COP27, "l'UE a fait preuve d'un manque de volonté alarmant pour que ses forêts fassent partie de la solution climatique".