Le président du Kenya William Ruto promet de sévir face aux fauteurs de trouble / Photo : Reuters (Reuters)

Après une journée de violences meurtrières, qui s’est soldée par la mort de 13 manifestants dans les rues de Nairobi (selon l’Association des médecins du Kenya), le pays est plongé dans l’incertitude.

Le vote de la nouvelle loi des finances, qui prévoit la hausse de plusieurs impôts, a mis le feu aux poudres, alors que le pays table sur un ambitieux budget 2024-25 comportant un montant record de 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses.

Après la présentation le 13 juin au Parlement du projet de budget prévoyant l’instauration de nouvelles taxes (TVA de 16% sur le pain, taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules à moteur…), un mouvement baptisé "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement") a été lancé sur les réseaux sociaux, rencontrant un fort écho au sein de la "génération Z" (jeunes nés après 1997).

Les manifestants kényans refusent de supporter le fardeau de la dette. (Reuters)

L'annonce du gouvernement qu'il abandonnait la plupart des mesures fiscales n'a pas dissuadé les manifestants qui demandent le retrait intégral du texte.

Comment en est-on arrivé là ?

Arrivé au pouvoir le 13 septembre 2022 avec la promesse de lutter contre la pauvreté, William Ruto a hérité d’une situation socio-économique difficile. Entre 2013 et 2022, Nairobi a multiplié sa dette par quatre, en raison de la mise en œuvre par l’ancien président Uhuru Kenyatta d’une politique onéreuse d’investissements dans les infrastructures.

Il en est ainsi de la modernisation du port de Mombassa ou de la construction du chemin de fer moderne entre Nairobi et Mombassa, parmi une série de projets qui ont considérablement alourdi la dette du pays d'autant plus que le shilling, la monnaie locale, se déprécie régulièrement par rapport au dollar. Le service de la dette représente aujourd'hui 73,3% du PIB kényan, soit une augmentation de 5,3 points en quatre ans..

"M. Ruto est dans une situation difficile. Il doit réduire le fardeau de la dette du Kenya et subit des pressions de la part du FMI pour augmenter les recettes publiques, mais ces manifestations montrent qu'il va avoir du mal à y parvenir en imposant de nouveaux impôts sans provoquer de nouvelles manifestations", souligne l’analyste économique Andrew Smith du cabinet de conseil en évaluation des risques Verisk Maplecroft.

En jouant sur l’augmentation de la fiscalité, le gouvernement veut se redonner des marges au regard de l’ampleur de la dette publique, et financer son ambitieux budget 2024-25 de 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses. Mais la rue ne l’accepte pas et les prochains jours s’annoncent incertains, d’autant plus que le budget doit être voté avant la fin de ce mois, d'après la loi kényane.

Marche blanche

Mardi soir, après une journée de chaos, de violences et de pillages dans la capitale Nairobi, le président William Ruto a affiché sa fermeté et assuré que la "violence et l'anarchie" seraient fermement réprimées.

Une des figures du mouvement de contestation antigouvernementale au Kenya a appelé à manifester à nouveau jeudi, de manière pacifique, en mémoire des 13 morts décédés lors de la journée de mobilisation de mardi. .

"Tout le pouvoir souverain appartient au peuple du Kenya. Vous ne pouvez pas tous nous tuer. Demain, nous marchons à nouveau pacifiquement en portant du blanc, pour tous les nôtres tombés au combat. Vous ne serez pas oubliés !!!", a écrit mercredi matin la journaliste et militante Hanifa Adan, figure de la contestation, sur X.

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TRT Français et agences