Bangladesh: le Prix nobel Muhammad Yunus réclamé chef de gouvernement par le mouvement étudiant

Bangladesh: le Prix nobel Muhammad Yunus réclamé chef de gouvernement par le mouvement étudiant

L’illustre économiste a qualifié les événements du lundi de "deuxième jour de libération" du Bangladesh après la guerre d'indépendance.
Le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a exprimé sa disposition à assumer les fonctions de Premier ministre de transition au Bangladesh. / Photo: AFP (AFP)

Les leaders du mouvement étudiant qui a chassé du pouvoir la Première ministre Sheikh Hasina ont exigé, ce mardi, la dissolution immédiate du parlement et demandé que le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus soit nommé à la tête d'un nouveau gouvernement intérimaire.

Au lendemain de la démission de Sheikh Hasina, Nahid Islam, l’un des organisateurs des manifestations, a déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que les leaders de la protestation étudiante s'étaient déjà entretenus avec M. Yunus, qui a accepté de prendre la tête du nouveau gouvernement, compte tenu de la situation actuelle du pays.

"Tout gouvernement autre que celui que nous avons recommandé ne sera pas accepté", a fait savoir Nahid Islam, l'un des principaux organisateurs du mouvement étudiant dans une vidéo diffusée sur Facebook. "Nous n'accepterons aucun gouvernement soutenu ou dirigé par l'armée".

"Nous avons également discuté avec Muhammad Yunus et il a accepté d'assumer cette responsabilité à notre invitation", a ajouté Nahid Islam.

Le commandant en chef de l'armée du Bangladesh devait rencontrer, ce mardi, les leaders de la contestation étudiante après s'être engagé à former un gouvernement intérimaire à la suite de la fuite à l’étranger de l'ex-Première ministre, après 15 ans au pouvoir.

Le général Waker-Uz-Zaman a dit s'être entretenu avec les dirigeants des principaux partis politiques -à l'exception du parti de Sheikh Hasina, la Ligue Awami- pour discuter de la voie à suivre. Il devait également discuter avec le président bangladais, Mohammed Shahabuddin.

Un gouvernement intérimaire organisera des élections dès que possible après avoir consulté tous les partis et toutes les parties prenantes, a déclaré Mohammed Shahabuddin lors d'une allocution télévisée diffusée lundi, en fin de journée.

Un économiste au pouvoir ?

L'économiste Muhammad Yunus, 84 ans, a fondé en 1976 la première banque de microcrédit, la Grameen Bank, ce qui lui a valu de recevoir, en 2006, le prix Nobel de la paix pour avoir aidé à sortir de la pauvreté des millions de personnes.

Dans une interview à la chaîne indienne Times Now, Muhammad Yunus a dit que la journée de lundi marquait le "deuxième jour de libération" du Bangladesh après la guerre d'indépendance de 1971 contre le Pakistan.

Dans d’autres déclarations au journal indien The Print, M. Yunus a qualifié le Bangladesh de "pays occupé" sous le régime de Mme Hasina. "Aujourd'hui, tous les habitants du Bangladesh se sentent libérés", s'est-il félicité.

En juin dernier, il avait été condamné par un tribunal pour des accusations de détournement de fonds qu'il a niées.

L'attaché de presse de Muhammad Yunus, Sabbir Osmani, a indiqué que l'économiste se trouvait actuellement à Paris pour des examens médicaux mineurs. Il n'a pas commenté, dans l'immédiat, les déclarations des leaders de la contestation étudiante.

Les machines se taisent

Dans la capitale Dacca, la circulation était plus fluide qu'à l'accoutumée et les établissements scolaires ont rouvert leurs portes après avoir été fermés à la mi-juillet lors de manifestations violemment réprimées contre les quotas d'embauche dans la fonction publique.

Au moins 109 personnes ont été tuées lors des violents affrontements qui ont secoué le Bangladesh, lundi, ont indiqué la police et des médecins, révisant à la hausse un précédent bilan. Il s'agit de la journée la plus meurtrière depuis que les manifestations contre les quotas d'embauche dans l'administration ont commencé, début juillet, avec un nombre total de morts s'élevant à 409, selon des estimations basées sur les données officielles et hospitalières.

Piliers de l'économie nationale, les usines de confection, qui fournissent des vêtements à certaines des plus grandes marques mondiales, resteront fermées ce mardi. Un calendrier de réouverture sera annoncé ultérieurement, a déclaré la principale association de fabricants de vêtements du pays.

Agences