La sénatrice américaine Patty Murray et la représentante Pramila Jayapal ont exhorté, mercredi, l'administration Biden à mener une enquête indépendante, dirigée par les États-Unis, sur l'assassinat, la semaine dernière, de l'activiste américano-turque Aysenur Ezgi Eygi par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée.
“Nous sommes de tout cœur avec sa famille, ses amis, ses collègues et sa communauté, qui sont tous dévastés par son assassinat et qui méritent de savoir que leur gouvernement a fait tout ce qui était en son pouvoir pour comprendre pleinement ce qui a conduit à son assassinat, pour demander des comptes aux personnes impliquées et pour veiller à ce que cela ne se reproduise pas”, ont écrit Murray et Jayapal dans une lettre adressée au président Joe Biden et au secrétaire d'État Antony Blinken.
“C'est pourquoi nous demandons une enquête américaine indépendante, immédiate, transparente, crédible et approfondie, menée par le Bureau fédéral d'enquête (FBI), sur l'assassinat de Mme Eygi, qui, comme l'a déclaré le secrétaire d'État Antony Blinken, était “non provoqué et injustifié“.
Les parents d’Eygi demandent une enquête sur la mort de leur fille
La famille d'Eygi a également demandé une enquête indépendante et a critiqué une déclaration du président Biden dans laquelle il affirmait que la mort d'Eygi “était le résultat d'une erreur tragique découlant d'une escalade inutile”.
La famille a également souligné le manque de soutien de l'administration Biden-Harris : “L'action appropriée est que le président Biden et la vice-présidente (Kamala) Harris parlent directement avec la famille et ordonnent une enquête indépendante et transparente sur le meurtre d'Aysenur, une volontaire pour la paix”.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a confirmé, lundi, que M. Biden ne s'était pas entretenu avec la famille d'Eygi pour lui présenter ses condoléances.
Israël plaide l’erreur
Selon les premières conclusions de l'enquête menée par l'armée israélienne, mardi, Eygi, 26 ans, qui possédait la double nationalité turque et américaine, a été “très probablement“ et “indirectement et involontairement“ touchée par des tirs des forces israéliennes lors d'une manifestation organisée vendredi contre les colonies israéliennes illégales dans la ville de Beita, près de Naplouse.
Mais une enquête du Washington Post publiée ce 12 septembre démonte la thèse israélienne. Selon le quotidien américain, Eygi a été abattue plus d’une demi-heure après le pic des tensions à Beita, et environ 20 minutes après que les manifestants se sont déplacés vers la route principale –à plus de 200 mètres des forces israéliennes. Un adolescent palestinien, qui, selon des témoins, se tenait à environ 20 mètres d’Eygi, a été blessé par des tirs israéliens ; l’armée israélienne n’a pas voulu dire s’il était une cible.
Eygi, née à Antalya, en Turquie, en 1998, a déménagé aux États-Unis avec sa famille lorsqu'elle était enfant et a obtenu en juin un diplôme de l'université de Washington où elle a étudié la psychologie et les langues et cultures du Moyen-Orient.
Elle est arrivée en Cisjordanie mardi dernier pour se porter volontaire auprès du Mouvement de solidarité internationale (ISM) dans le cadre d'un effort visant à soutenir et à protéger les agriculteurs palestiniens.
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