Dans l’intervalle de quatre mois, la terre a tremblé deux fois au Maroc, sans tenir compte d’innombrables répliques de moindre puissance. Un phénomène auquel l’ensemble du territoire du Royaume est exposé, énonce Nacer Jabbour, de l'Institut national de géophysique de Rabat.
Ce lundi 2 janvier à 8h37, un séisme d’amplitude entre 4,9 et 5,1 a frappé le village d’Ait M’hammed, dans la province d’Azilal (Haut Atlas, centre). Les secousses ont été ressenties dans toute la région, jusqu’aux villes de Béni Mellal et Marrakech.
Les capteurs sur place ont détecté également plusieurs répliques de faibles magnitudes, qui devraient se poursuivre, nous explique ce géophysicien.
"La région d’Azilal est la jonction entre le Moyen Atlas et le Haut Atlas, qui est une zone sismique connue", souligne notre interlocuteur. Mais depuis le séisme tragique d’Al Haouz, le 8 septembre dernier, "nous enregistrons désormais des séismes à travers tout le territoire national", relève Nacer Jabbour.
Le séisme d’Al Haouz encore une énigme ?
Pourtant, l’analyse de cette recrudescence de l'activité sismique au Maroc ne fait pas l’unanimité. Le tragique tremblement de terre du 8 septembre, qui avait fait 2 946 morts et 6 125 blessés et plusieurs dégâts matériels importants, "s’est produit dans une région énigmatique de faible sismicité", indique une étude récente de l’ U.S. Geological Survey (USGS).
L’étude révèle également que le choc d’Al Haouz a provoqué "une rupture de 25 kilomètres sous la surface", soit "un glissement s'étendant au-delà des estimations courantes de profondeur sismogène". Selon les chercheurs américains, "ce tremblement de terre met en évidence que les processus sismogènes associés à la formation de montagnes dans cette vaste région sont mal compris".
Si les causes derrière le choc d’Al Haouz sont encore sous étude, ses conséquences se font déjà ressentir. Nacer Jabbour nous explique que depuis le séisme d’Al Haouz, de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, a finalement augmenté le taux de sismicité, atteignant une "moyenne de 10% sur tout le territoire national".
Une nouvelle carte sismique pour le Maroc
Le Maroc voudrait dans ce sens se doter d’une nouvelle carte sismique. Mais cette dernière ne sera pas prête d’aussitôt, avertit l’expert. "La nouvelle carte ne verra le jour que d’ici un an minimum, le temps de faire tous les calculs et recherches qui nécessitent de regrouper plusieurs experts, car c’est avant tout un travail d’équipe", dit-il.
Cette carte servira à classer les régions à risques et prévenir d’éventuels dégâts. Elle pourra également déloger certaines localités se trouvant dans des zones à risques, qui ne l’étaient pas auparavant. Un chantier colossal donc en cours d’élaboration et qu'attendent impatiemment les architectes aussi afin de travailler d’abord sur la région sinistrée d’Al Haouz. Pour rappel, 6.000 habitations ont été complètement détruites après le séisme tandis que 20.000 l’ont été partiellement, selon le ministère de l’Habitat.