Après avoir écouté les chefs des 27 partis politiques qui disposent d’élus locaux ou nationaux, le président Abdelmadjid Tebboune a tenté de rassurer ses invités du jour. Pour la première fois, il rencontre, en près de cinq ans de pouvoir, des formations politiques réunies dans l’immense salle du Centre international des conférences situé dans la banlieue ouest d’Alger.
Habituellement, le chef de l’Etat y recevait uniquement certains de ces leaders politiques mais en tête-à-tête. Au cours de cette rencontre Abdelmadjid Tebboune a expliqué à nouveau les raisons derrière sa décision d’avancer la date de l'élection présidentielle de décembre à septembre prochain.
Tebboune a mentionné des “raisons techniques” et admis avoir envisagé d’organiser le scrutin au printemps, mais les délais étaient trop serrés. Il a souligné qu’aucune raison politique n’a motivé ce changement de calendrier
“Cette réunion, il aurait fallu la tenir avant l’annonce de la date des élections”, estime le sociologue politique Nacer Djabi qui souligne l’importance pour le président de consulter et de réunir les partis politiques avant de prendre des décisions aussi cruciales pour le pays.
Pour compenser ce manque, Abdelmadjid Tebboune a promis de “consulter les partis politiques” lors de la révision prochaine de la loi sur les partis politiques et de celle portant régime électoral. En somme, “il a promis des réformes économiques et politiques”, résume un chef de parti qui a assisté à la réunion.
Outre les questions internes, le chef de l’Etat a abordé la position de l’Algérie face aux crises que connaît la région, notamment dans le Sahel. Des crises qui compliquent la situation pour le pays.
Les chefs des partis de l’opposition ont principalement soulevé des préoccupations concernant le respect “des libertés publiques et individuelles” et ont dénoncé la “fermeture de l’espace politique et médiatique”. Ils ont fait référence au fait que depuis plusieurs années, les médias publics et privés étaient totalement fermés devant l’ensemble des partis politiques. Seules les activités officielles sont couvertes.
Ces derniers mois, des activités de ces formations politiques sont de nouveau tolérées mais sont rarement couvertes par les médias. Pour cela, le président algérien n’a pas donné de réponse claire, assurent des sources à TRT Français. Mais à quelques mois de la présidentielle qui aura lieu le 7 septembre, des partis politiques de l’opposition organisent des meetings publics sans aucune contrainte, a-t-on constaté à plusieurs reprises. Les médias, qui craignent des sanctions économiques, ne suivent pas forcément.
Seulement 3 candidats …
Malgré l’approche des élections présidentielles, la plus importantes en Algérie, l’action politique reste timide. Jusque-là, seuls trois candidats ont affiché leur intention de se porter candidats à ce scrutin. Deux sont des femmes, à savoir Louisa Hanoune, présidente du parti ouvrier Partis des Travailleurs (PT), qui s’était déjà présentée à trois reprises sous le régime de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. L’autre candidate est Zoubida Assoul, avocate et présidente du parti laïc Union pour le changement et le progrès (UCP) qui s’est lancée dans le course, tout comme Belkacem Sahli, professeur d’université et ancien ministre sous Bouteflika qui se présente au nom du courant républicain et moderniste sous la bannière d’un groupe de partis politiques pas très médiatisés.
Abdelmadjid Tebboune, qui convoquera le corps électoral le 8 juin prochain conformément à la Constitution algérienne stipulant que les électeurs doivent être convoqués trois mois avant le scrutin, n’a pas encore affiché ses intentions. Mais au vu de sa persistance à présenter un “bilan positif” de son action durant le mandat qui s’achève, l’annonce de sa candidature ne fait presque plus de doute. Ce n’est probablement qu’une question de temps.
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