Son histoire met à nouveau en lumière les conditions de rétention de mineurs en France, "traumatisantes" selon les associations et avocats engagés sur ces questions, rapporte le site Infomigrants.
Aida a été placée dans la zone d'attente d'Orly, samedi 19 octobre, en vue d'un éloignement vers le Sénégal. Elle en a été libérée mercredi, soit le jour même où elle devait passer un test de niveau pour reprendre sa scolarité en France dès la rentrée, rapporte la même source.
La fillette, née au Sénégal en 2012, était inscrite sur le registre des Français établis à l’étranger hors de France depuis 2014, et détentrice d'un passeport depuis janvier 2020. Elle devait rejoindre son père à son domicile de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où résident déjà ses sœurs, toute sa famille étant de de nationalité française, précise encore Infomigrants.
A son arrivée à l'aéroport, rien ne se passe comme prévu : son passeport lui est retiré. La fillette se voit refuser l'entrée sur le territoire français. Elle est immédiatement retenue en zone d'attente : ces locaux, situés aux frontières françaises (ports, aéroports, gares internationales) sont dédiés aux étrangers ne remplissant pas les conditions d'entrée en France, selon la même source.
Le placement en zone d'attente a rendu la fillette "très angoissée", déplore Samy Djemaoun, son avocat. Tous les jours, Aida devait quitter l'hôtel où dorment les étrangers dans son cas, pour rejoindre à 6 heures du matin la zone d'attente. Elle devait y rester jusqu'à 21 heures le soir. "L'espace "enfants" de la zone d'attente, c'est trois mètres carrés, séparés de la zone adultes par un simple paravent. Elle ne pouvait pas sortir dans la cour, car c’est réservé aux adultes", dénonce encore Samy Djemaoun.
Les repas ? "Chips, eau, compote". Pendant près de cinq jours, la jeune fille est ainsi "restée toute seule, accompagnée seulement par une nounou mandatée par la compagnie aérienne", décrit-il encore.
Pourquoi ce retrait de passeport et cette rétention ? "Elle a été placée en zone d’attente parce qu’on lui a retiré son passeport au motif qu’il y a eu un refus de certificat de nationalité", explique Me Samy Djemaoun.
En effet, en juin 2020, l'administration lui a refusé la délivrance d’un certificat de nationalité, "au motif que son grand-père paternel, qui avait eu la nationalité française et par qui se fait la filiation, n’avait pas placé sa résidence en France", explique Me Samy Djemaoun cité par Infomigrants.
"Sauf que le père de ma cliente, ainsi que ses frères et sœurs, sont sans aucune remise en question de leur nationalité. Ils ont toujours un certificat de nationalité. Dans une même fratrie, soit tout le monde est Français, soit personne ne l’est !", s’est-il indigné.