La situation de siège qui prévaut en ce moment à l’hôpital Al-Awda dans le nord de Gaza, préoccupe au plus haut point des organisations humanitaires comme ActionAid. Dans une déclaration à TRT Français, l’organisation humanitaire s’inquiète de la sécurité des employés, des agents et même des patients reclus dans cet hôpital du Nord de Gaza, par ailleurs partenaire de l’organisme humanitaire.
“Nous sommes profondément alarmés et préoccupés par le bien-être du personnel, des patients et de leurs familles de notre hôpital partenaire Al-Awda, dans le nord de Gaza, assiégé depuis une semaine maintenant. Les installations étant apparemment encerclées par des tireurs embusqués, personne ne peut sortir ou entrer, et les réserves de nourriture et d'eau s'amenuisent dangereusement”, écrit ActionAid.
“ Selon un membre du personnel d'Al-Awda, il y a actuellement 92 agents de santé, 38 patients et 40 personnes qui accompagnent les patients, coincés à l'intérieur. Hier (13 décembre, ndlr), un chirurgien à l'intérieur de l'hôpital a été blessé après qu'un coup de feu ait été tiré depuis l'extérieur de l'hôpital, selon les informations de MSF”.
Ambiance invivable
L’ambiance est infernale autant pour le personnel retranché dans l’hôpital que pour les malades et leurs accompagnateurs, d’après le témoignage de Dr Ahmed Muhanna, directeur de l’hôpital, recueilli par note vocale.
“ La situation est grave et critique : ils fouillent les maisons autour de nous, à côté des murs de l'hôpital. Ils cassent des objets, vérifient et inspectent [les maisons]. Il y a un réservoir et des barrières de sacs de sable à l'entrée de l'hôpital, témoigne-t-il. Des chars tournent en rond jour et nuit sur la place de l'hôpital, dans les rues. Et il y a de temps en temps des affrontements sporadiques. Nous essayons de ne pas être en vue. L’approvisionnement alimentaire est presque terminé – dans environ quatre à cinq jours, il sera épuisé. Voilà notre situation et nous souhaitons la sécurité de tout le monde”.
Un vœux pieux pour le moment, d’autant plus que l’hôpital souffre d’un manque de médicaments et équipements essentiels pour prodiguer des soins de qualité.
A Al-Awda, l’un des derniers hôpitaux du nord de Gaza encore fonctionnel, le personnel travaille la peur au ventre, la mort rôdant autour.
En novembre, explique à TRT français un porte-parole de ActionAid, “trois médecins ont été tués après que le quatrième étage du bâtiment a été touché, tandis que lors d'un autre incident, huit travailleurs médicaux ont été blessés par des éclats d'obus”.
“Sans carburant pour faire fonctionner l’équipement ni fournitures médicales suffisantes, se lamente la même source, le personnel a dû procéder à des accouchements et sauver des vies sans avoir recours aux produits essentiels tels que l’anesthésie, les antibiotiques, les incubateurs et les transfusions sanguines”.
Sous pression, sans moyens, le personnel est exténué et découragé.
“ La situation est horrible. Je n’ai pas vu ma famille depuis plus de trois semaines maintenant. J'ai travaillé [presque tous les jours pendant] la guerre, pendant environ 52 jours”, se lamente Dr Muhammed, responsable de la reconstruction et membre du staff de l'hôpital Al-Awda.
“Nous demandons à tous ceux qui peuvent arrêter cette guerre de travailler dur pour la stopper parce que nous sommes réellement épuisés et nous sentons que nous attendons notre fin”.
De la résignation ? peut-être. Toujours est-il que la situation à l’hôpital Al-Awda est insoutenable. D’où le cri de cœur de Riham Jafari, coordinateur du plaidoyer et de la communication pour ActionAid Palestine.
“Nous sommes extrêmement alarmés par la situation épouvantable à l’hôpital Al-Awda, lance-t-il. Le personnel terrifié nous dit qu'il est coincé à l'intérieur du bâtiment, qu'il ne peut pas en sortir, et qu'il n'ose pas s'approcher des fenêtres de peur d’être touché par balle”.
Les difficultés risquent de s’amplifier, d’autant plus que : “Les réserves de nourriture s'épuisent et des dizaines de personnes, dont des patients très malades, se trouvent à l'intérieur. Depuis une semaine, ils sont contraints de subir ce scénario cauchemardesque, sans savoir quand il se terminera”.
“Nous appelons à la fin immédiate des combats autour de l’hôpital afin que le personnel puisse reprendre ses fonctions de soins et que les patients dans le besoin puissent accéder à l’établissement en toute sécurité”, lance Riham Jafari.
Pour le moment, l’armée israélienne ne comprend que le langage des armes, au 57ème jour d’un conflit interminable pour les populations civiles de Gaza qui n’aspirent qu'à la paix !