La Nakba, le désastre ou la catastrophe, le mot prend encore plus son sens au moment même où les Palestiniens vivent au rythme de la guerre à Gaza depuis sept mois.
La Nakba réfère au départ forcé de 700 000 Palestiniens vers les pays proches que sont le Liban, la Jordanie et la Syrie. Ces pays comptent encore des camps de réfugiés palestiniens. L’Etat d’Israël a vu le jour suite au départ forcé des populations palestiniennes arabes, la destruction de 531 villages et aux massacres perpétrés quand les habitants refusaient de quitter leur terre.
76 ans plus tard, les mêmes méthodes ont les mêmes effets. Israël continue son expansion à coup de colonies illégales. Les colons israéliens sont ,aujourd’hui, près d’un million en Cisjordanie occupée (avec Jérusalem Est). Les colonies sont agrandies, au moyen de nouvelles expropriations de terres.
La présence israélienne en territoire occupé augmente et joue la stratégie du “fait accompli”. Les populations palestiniennes sont expulsées ou empêchées de vivre de leur terre et sont poussées au départ.
Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, la proportion de colons pour 100 Palestiniens est de 23 dans les territoires occupés, mais de 69 pour le gouvernorat de Jérusalem. Le gouvernement de Benyamin Netanyahu vient d’autoriser la construction de 18 000 nouveaux logements dans les colonies.
La colonisation versus un processus de paix
L’agence Wafa poursuit en publiant les chiffres suivants : en 2023, 12 161 attaques ont été perpétrées par des colons ; 3 800 contre des propriétés ou des lieux de cultes, 7646 attaques contres de personnes, et 18 964 oliviers ont été déterrés.
Avec la guerre à Gaza, Israël dit vouloir exterminer le Hamas, mais l’étendue des destructions, le bombardement des écoles, des hôpitaux, des bâtiments de l’ONU peuvent à terme empêcher le retour à une vie normale pour les Gazaouis. Le bilan est catastrophique : 35 173 morts, plus de 78 000 blessés et 70% des bâtiments d’habitation, détruits.
Israël avait quitté le territoire de Gaza en 2005 sous le gouvernement d’Ariel Sharon. Il veut de manière tout à fait officielle reprendre en main l’enclave palestinienne. L’après cessez-le-feu n’augure rien d’autre. Si le Hamas aimerait obtenir la présence d’une force armée internationale à Gaza, Tel-Aviv envisage de maintenir son armée sur place, ainsi que le montre le plan de l’après-guerre de Benyamin Netanyahu présenté en février dernier.
Gaza sous contrôle israélien pour combien de temps ?
Israël veut reprendre le contrôle du sud de la bande de Gaza. Il prévoit de contrôler la route de Philadelphie, route qui longe la frontière avec l’Egypte et elle vient de reprendre le contrôle du poste frontière de Rafah.
Israël a créé une zone tampon au nord de Gaza détruisant tous les champs et les habitations sur plusieurs centaines de mètres pour éviter de nouvelles incursions, selon le premier ministre israélien. Et surtout Israël envisage une présence militaire de longue durée pour empêcher le retour d’une “présence terroriste” dans l’enclave, selon le gouvernement de Tel-Aviv.
Le média israélien I24 publiait lundi 12 mai, l’information selon laquelle le Conseil national de sécurité a discuté d'un plan global de gestion de l’après-guerre à Gaza. Il sera présenté au cabinet politique et de sécurité bientôt mais, déjà, quelques informations ont fuité. L’administration civile sera assurée par Israël pour au moins six mois. Israël veut ensuite mettre en place des personnes qui ne lui sont pas hostiles pour gérer les missions de police et d’administration. Afin de définir la gestion de l’après-guerre à Gaza, Israël s’est d’ores et déjà entretenu avec le chef des renseignements de l'Autorité palestinienne, Majid Faraj.
Il faut trouver une solution
Si Israël applique depuis 76 ans les mêmes méthodes avec les mêmes effets désastreux, des voix s’élèvent pour qu’une solution durable soit trouvée.
“Il faut aller plus loin. L’urgence impose un changement de paradigme”. C’est ce qu’écrit le journal Le Monde dans son éditorial du lundi 13 mai. Le quotidien revient sur sa couverture du conflit israélo-paletinien et plaide pour la reconnaissance de l’Etat palestinien, seul moyen de sortir de l’impasse militaire, selon le journal.
Si les Etats-Unis et la France traînent toujours les pieds pour reconnaître l’Etat palestinien, certains pays européens y voient une façon de faire bouger les lignes et de relancer le processus de paix. L’Espagne, l’Irlande et la Belgique devraient reconnaître la Palestine très prochainement. Neuf pays européens l’ont déjà fait (la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, la République tchèque, la Slovaquie, Chypre, Malte et la Suède).