Certes, Teddy Riner a été champion du monde en mai. Pour la onzième fois d'une carrière unique. Mais "le vrai objectif pour Teddy, c'est les Jeux olympiques", souligne auprès de l'AFP son entraîneur Franck Chambily.
Et "un gars comme Teddy, on ne peut pas l'exposer comme un petit jeune toutes les cinq minutes. Donc, remettre le couvert avec le Masters, qui est comme un 2e championnat du monde, dans sa position, on ne voit pas trop l'intérêt", continue-t-il.
Même s'il ne repart pas au charbon en Hongrie, le colosse n'aura pas un mois d'août tranquille. Il enchaîne deux stages de préparation: un technique en Italie puis un physique en Guadeloupe.
Retour à Abou Dhabi ou Tokyo?
Riner, 34 ans, est actuellement à Rimini, au centre d'entraînement de l'ancien judoka Darcel Yandzi pour "faire surtout de la technique, aller voir un petit peu ce qui se passe là-bas, chercher un petit plus et voir ce qu'il y a comme partenaires" d'entraînement, détaille Chambily.
Ensuite, "il va faire un gros stage physique fin août en Guadeloupe", continue l'entraîneur. A l'issue de ce second stage, une décision sera prise sur la prochaine compétition du Guadeloupéen.
A l'automne, quatre options sont possibles: les Grand Chelems en Azerbaïdjan (22-24 septembre), à Abou Dhabi (24-26 octobre) et à Tokyo (2-3 décembre), ou les Championnats d'Europe à Montpellier (3-5 novembre).
"On en choisira une, qui sera certainement plus vers la fin du trimestre", explique Chambily, tout en donnant un indice supplémentaire: "c'est vrai qu'à un tournoi, il y a plus de points à prendre" pour le ranking olympique par rapport aux Championnats d'Europe.
Selon Baptiste Leroy, entraîneur de l'équipe de France masculine mais pas directement impliqué dans l'agenda du judoka, Riner "a laissé énormément d'énergie aux Mondiaux et avait besoin de beaucoup plus souffler qu'il ne le pensait".
"Donc ça décale, parce qu'il va reprendre courant octobre ou au mois de novembre, sur des Grand Chelems", continue-t-il, même si sa présence à Montpellier n'est pas encore écartée.
Obtenir des points lors de ces compétitions aura pour objectif d'arriver à Paris dans les huit meilleurs mondiaux et donc avec le kimono de tête de série.
"A Tokyo, il n'était pas tête de série, et on a vu que quand on ne l'est pas, on peut prendre les meilleurs au premier tour", déplore Chambily. "Pour être champion olympique, il faut battre tout le monde, mais c'est quand même un avantage".
Sur le plan comptable, Baptiste Leroy souligne que le Masters "compte double" par rapport à un Grand Chelem (l'or au Masters rapporte 1800 points contre 1000 lors d'un Grand Chelem, et 700 aux Championnats d'Europe). "Mathématiquement il va lui falloir une compétition de plus (...). Mais il en a les capacités".
"Le temps joue contre nous"
Sa victoire mondiale lui a donné "de la confiance", mais Riner "n'est pas fou", relève Chambily: "il a bien vu qu'il avait gagné dans la difficulté".
Il a d'ailleurs dû partager son or mondial a posteriori avec le Russe Inal Tasoev, combattant sous pavillon neutre, après une erreur d'arbitrage qui aurait dû coûter la victoire au Français.
"Il y a des éléments d'efficacité sur lesquels on ne doit pas traîner et il en est conscient, c'est pour ça qu'on va sur ce genre de stage en Italie, plutôt que de repartir sur une dose mentale", souligne son coach. "Le mental, il en aura vraiment besoin le jour J".
Les améliorations techniques, "ça prend du temps et là le temps joue un peu contre nous, même si on (en) a encore".
"Teddy, c'est une Formule 1", donc il faut être "plus fin dans le réglage", explique Chambily avant de conclure: "le 2 août 2024, il faudra que tous les éléments de la performance, physique, technique, mental, psychologique, soient au top niveau. Et c'est peut-être le plus dur à faire".