Enracinée dans l'histoire depuis 1914, l'Espérance Sportive de Tunis puise ses origines dans le célèbre "café de l'Espérance" à Bab Souika, qui lui a légué son nom. C'est en 1919 que ce club de football emblématique a été officiellement enregistré. Les visionnaires Mohamed Zouaoui et Hédi Kallel, avaient alors jeté les bases de l'EST.
La naissance de ce club emblématique a nécessité l'intervention de Louis Montassier, un cadre administratif français, pour obtenir l'approbation des autorités coloniales. Cette démarche s'inscrivait dans le contexte réglementaire de l'époque, exigeant que les fondations et clubs soient dirigés par des Français.
Dès 1920, le club a accueilli un jeune lycéen, Chedly Zouiten, dont l'initiative a radicalement transformé son identité visuelle. Il a introduit un jeu de maillots à bandes verticales rouges et jaunes, qui sont rapidement devenues les couleurs emblématiques du club.
Les années Zouiten
Chedly Zouiten gravit les échelons au sein du club en devenant membre du comité directeur en 1923, avant d'accéder à la présidence en 1931. Sous sa direction éclairée, s'étalant sur plus de trois décennies, l'EST a du affronter des défis considérables, frôlant même la possibilité d'abandon, jusqu'à ce que le club se hisse finalement en division d'honneur de la Ligue de Tunisie en 1936.
Au fil des années, l'EST a marqué sa présence par sa détermination à gravir les sommets. Malgré une finale de la Coupe de Tunisie où le Stade Gaulois a pris le dessus, l'EST s'impose fièrement, trois ans plus tard, en 1939, dans cette compétition en battant l'Étoile sportive du Sahel sur un score de 3-1. En 1955, l'EST se distingue en se qualifiant pour représenter la Ligue de Tunisie dans le championnat d'Afrique du Nord.
Dans une compétition éliminatoire, le destin a orchestré une rencontre entre le Wydad AC de la Ligue du Maroc et l'Espérance sportive de Tunis. Le 15 mai 1955, à Tunis, ces deux clubs se sont affrontés, et l'ES Tunis a concédé une défaite 2-1, mettant fin à son parcours dans cette compétition.
Entre les prémices de la Seconde Guerre mondiale et l'indépendance en 1956, l'effectif de l'EST a été parmi les plus performants. Cela a été renforcé par l'arrivée de talents tels qu'Abdelaziz Ben Tifour en provenance d'Algérie. Les clubs français, italiens et maltais, jusqu'alors en tête du football tunisien, se sont trouvés face à un nouveau défi avec l'EST, devenu un club "indigène" qui rivalisait désormais pour la domination sur les terrains.
Les débuts de la gloire
Les années 90 marquent le début de la montée en puissance de l'EST en Tunisie. À partir de 1993, le club enchaîne les succès internationaux et locaux. Il fait notamment l'acquisition de Kenneth Malitoli, buteur de l'équipe de Zambie, marquant ainsi le début d'une ère prolifique. En cette année charnière, l'EST décroche sa première coupe régionale, la Ligue des champions arabes, devenant ainsi la première équipe tunisienne à inscrire ce trophée à son palmarès.
L'année suivante, le club confirme son ascension en remportant sa première Coupe d'Afrique des clubs champions après avoir détrôné le tenant du titre, le Zamalek Sporting Club. L'année 1995 s'avère tout aussi fructueuse pour l'Espérance sportive de Tunis avec la conquête de la Supercoupe d'Afrique et de la coupe afro-asiatique. Durant cette période dorée, le club ajoute également dix titres de champion de Tunisie à son tableau de chasse, dont une série impressionnante de sept succès consécutifs entre 1998 et 2004.
Après une période de difficultés dans les années 2000, le club entreprend une renaissance ambitieuse avec pour objectif de dominer à la fois la scène tunisienne et africaine.
Une domination sans faille
Sous la direction du président Hamdi Meddeb, l'Espérance sportive de Tunis adopte une stratégie ambitieuse en recrutant une star africaine chaque année, suivant l'exemple de Michael Eneramo. Cette vision audacieuse se traduit rapidement par la signature de plusieurs joueurs internationaux africains et tunisiens au cours de ces années fructueuses. Parmi eux figurent Harrison Afful, arrivé du Feyenoord Ghana et international ghanéen, Michael Eneramo, international nigérian, Khaled Korbi et Youssef Msakni, en provenance du Stade tunisien et tous deux internationaux de l'équipe tunisienne, Mejdi Traoui, recruté du Red Bull Salzbourg et international tunisien, ainsi que Dramane Traoré, venant du Lokomotiv Moscou et international malien, ou encore Yannick N'Djeng pour une somme de 700 000 euros.
Cette approche audacieuse porte rapidement ses fruits. Sous cette dynamique, le club remporte la coupe de Tunisie en 2008 et 2011, ainsi que le championnat lors des saisons 2008-2009, 2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012. Le palmarès s'enrichit également de la Coupe nord-africaine des vainqueurs de coupe en 2009 et de la Ligue des champions arabes en 2008-2009. L'ES Tunis atteint même la finale de la Ligue des champions de la CAF en 2010, confirmant sa position parmi les grands.
Cependant, la vision de Meddeb ne se limite pas à l'acquisition de talents sur le terrain. Il met en place une approche holistique en engageant l'entraîneur Faouzi Benzarti, suivi par le retour de l'enfant du club, Nabil Maâloul, en décembre 2010. Cette approche globale contribue à l'essor continu de l'ES Tunis sur la scène footballistique.
La consécration La saison 2016-2017 est marquée par l'arrivée de plusieurs joueurs de talent au sein de l'Espérance Sportive de Tunis. Parmi eux, Ferjani Sassi, Mohamed Ali Moncer, Anice Badri, Mohamed Zaabia et Hichem Belkaroui. L'équipe parvient à se hisser en tête de la première phase du championnat, montrant ainsi sa détermination.
En janvier 2017, les dirigeants prennent une décision audacieuse en remplaçant Souayah par Faouzi Benzarti. Ils estiment que sous sa direction, l'équipe a le potentiel de remporter la Ligue des champions. Le 18 mai, le club écrit un nouveau chapitre de son histoire en remportant son 27e titre de champion de Tunisie, grâce à une victoire convaincante de 3-0 contre l'Étoile Sportive du Sahel.
Cependant, le parcours n'est pas sans obstacles. Malgré de belles performances, l'équipe perd en demi-finale de la coupe de Tunisie face à l'Union Sportive de Ben Guerdane. Après avoir terminé en tête de la phase de poules, l'équipe se mesure à Al Ahly en quarts de finale de la Ligue des champions.
Le 6 août, une nouvelle étoile brille au firmament de l'ES Tunis alors qu'elle remporte son quatrième titre arabe et le troisième championnat arabe des clubs en battant Al Faisaly sur un score de 3-2 après prolongations.
Pendant le mercato, la direction du club procède à des recrutements stratégiques, notamment avec l'arrivée de Franck Kom, Maher Bessghaier, Michael Eneramo et Änis Ben-Hatira. De plus, Haythem Jouini fait son retour après un prêt au Club Deportivo Tenerife.
Le parcours en Ligue des champions n'est pas sans embûches. Après un match nul en Égypte (2-2), l'équipe subit une défaite à domicile contre Al Ahly (2-1) et est, ainsi, éliminée en quarts de finale.
Malgré des résultats solides qui permettent au club de prendre la tête du championnat en phase aller, Faouzi Benzarti décide de démissionner face aux pressions des supporters. Ces derniers le jugent responsable des performances en dents de scie de l'équipe, malgré les victoires. Mondher Kebaier lui succède temporairement avant le retour de Khaled Ben Yahia à la tête de l'équipe.
La saison continue sur une note positive, avec des victoires notables, dont un succès contre l'Étoile Sportive du Sahel (3-2) et une victoire à l'extérieur contre le Club Sportif Sfaxien (2-0). Le club finit par remporter son 28e titre, scellant sa position en tant que leader du championnat, trois journées avant la fin.
L'apothéose arrive avec la troisième victoire de l'EST en Ligue des champions de la CAF contre Al Ahly. Malgré une défaite (3-1) lors du match aller contre l'octuple champion d'Afrique, les Tunisiens se surpassent au match retour avec une victoire éclatante de 3-0. Cet exploit s'accomplit devant une foule enflammée de 60 000 personnes, avec Saad Bguir et Anice Badri en tête d'affiche.
Encore sur le toit de l’Afrique
Cette victoire marque un triomphe pour les jeunes protégés de l'entraîneur prometteur Mouine Chaabani, qui décrochait ainsi la troisième Ligue des champions de l'histoire du club, à seulement quelques mois de son centenaire. Cependant, cette série de succès est freinée lors de la Supercoupe de la CAF, le 30 mars 2019, où l'équipe s'incline devant le Raja CA. La rencontre voit Abdelilah Hafidi marquer le premier but, suivi de l'égalisation par Youcef Belaïli, avant que le Raja ne scelle sa victoire grâce à un deuxième but décisif signé Badr Benoun.
Après avoir remporté le championnat, le club clôture la saison 2018-2019, couronné champion d'Afrique pour la quatrième fois. Cette victoire est obtenue aux dépens du Wydad AC lors de la Ligue des champions de la CAF, avec un match nul 1-1 à l'extérieur suivi d'une victoire 1-0 à domicile.
Les trois saisons suivantes se caractérisent par une continuité dans les résultats obtenus : le club conserve son titre de champion national lors des éditions 2020, 2021 et 2022. Cependant, sur la scène continentale, les choses se compliquent, avec des sorties en quarts de finale à deux reprises et une élimination en demi-finale. Par ailleurs, la coupe de Tunisie échappe toujours au club depuis 2016.