Avec deux qualifiés pour les 1/8, le continent égale sa performance de 2014, où le Nigeria avait donné du fil à retordre à la France (2-0 pour les Bleus), et plus encore l'Algérie à l'Allemagne, future championne du monde, vainqueur en prolongation (2-1 a.p.).
"J'ai envie de dire: il est temps. L'Afrique est plutôt en retard sur son tableau de marche", explique à l'AFP Philippe Troussier, qui a notamment guidé l'Afrique du Sud au Mondial-1998.
"Les équipes africaines ont des joueurs qui brillent dans les grands clubs en Europe, et ce constat ne date pas d'aujourd'hui, ils auraient dû atteindre avant ce niveau de performance", poursuit-il.
Claude Le Roy, qui a dirigé pendant plus de 20 ans des sélections africaines, a cru dès le début aux équipes africaines au Qatar. "J'avais pronostiqué trois qualifiés, et la Tunisie n'est pas passée loin", dit-il à l'AFP.
"L'organisation des sélections" -
Les mauvais résultats de la première journée étaient "en trompe-l'œil", ajoute le +Sorcier blond+, "le Cameroun avait pour moi mieux joué que la Suisse malgré la défaite (1-0), le Sénégal a perdu pour un détail (une sortie manquée du gardien Édouard Mendy, NDLR) contre les Pays-Bas (2-0)..."
Cette réussite des équipes africaines vient "en partie de l'amélioration progressive de l'organisation des sélections et de la professionnalisation du foot dans les pays africains", estime pour l'AFP Alain Giresse.
"Il me semble aussi qu'on trouve plus encore qu'avant des joueurs africains dans les grands clubs en Europe, comme Kalidou Koulibaly à Chelsea, et je regrette que Sadio (Mané) ne soit pas là", poursuit "Gigi", qui a notamment entraîné le Sénégal et la Tunisie.
Le Sénégal, qui affronte l'Angleterre dimanche, et le Maroc, opposé à l'Espagne mardi, se sont qualifiés avec la manière.
Les "Lions de l'Atlas" ont dominé un groupe avec les 2e (Croatie) et 3e (Belgique) de la dernière édition, et les "Lions" de Dakar ont fait la leçon aux prometteurs Équatoriens (2-1) dans le match décisif.
Deuxième fois pour Maroc et Sénégal
Les éliminés sont sortis avec les honneurs, les Tunisiens en battant la France (1-0) et les Camerounais en surprenant le Brésil (1-0).
Seul le Ghana a manqué son Mondial, incapable de surmonter ses démons contre l'Uruguay (2-0), où André Ayew a raté un penalty, douze ans après celui d'Asamoah Gyan contre le même adversaire pour une place en demi-finale, après la main volontaire de Luis Suarez.
Les deux huitièmes de finalistes arrivent pour la seconde fois à ce niveau, rejoignant le Ghana (2006 et 2010). Le record continental reste au Nigeria, qui a joué trois 1/8 (1994, 1998 et 2014).
Le Maroc avait déjà remporté son groupe en 1986 et hérité d'un 8e de finale corsé, la RFA au Mexique, qui l'avait battu 1-0 en fin de match sur un coup franc de Lothar Matthaüs (1-0).
En 2002, le Sénégal avait battu la France, championne du monde en titre, lors du match d'ouverture (1-0) et ne s'était incliné, comme toutes les équipes africaines parvenues en quarts de finale, qu'en prolongation, au but en or contre la Turquie (1-0 b.e.o.).
Et en 2018, les Lions n'avaient été devancés par le Japon qu'au nombre de cartons jaunes (6 contre 4 aux Samouraïs).
Le chemin a été long depuis 1930 et la première Coupe du monde. L'Afrique ne compte qu'une seule participation aux huit premières éditions, avec l'Égypte, battue au premier tour par la Hongrie (4-2) en 1934.
Elle a compté une place en 1970, deux à partir de 1982, trois en 1994 et cinq depuis 1998.
"L'objectif maintenant est d'arriver à un ou deux pays en demi-finale", souhaite Giresse.