"En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus, ses découvertes ont donné la base à l'exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques", a salué le jury Nobel.
Agé de 67 ans et installé en Allemagne depuis des décennies, Svante Pääbo a découvert en 2009 qu'un transfert de gènes de l'ordre de 2% avait eu lieu entre ces homininés aujourd'hui disparus et l'Homo sapiens.
Ce flux ancien de gènes vers l'homme actuel a une pertinence physiologique aujourd'hui, par exemple en affectant la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections.
"Les différences génétiques entre Homo Sapiens et nos plus proches parents aujourd'hui éteints étaient inconnues jusqu'à ce qu'elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo", a salué le comité Nobel dans sa décision.
Pääbo, natif de Stockholm, avait été considéré comme Nobélisable depuis longtemps mais avait disparu de la liste des favoris ces dernières années.
Son père, Sune Bergström, avait également reçu le Nobel de médecine en 1982.
Le prix s'accompagne d'une récompense de 10 millions de couronnes (environ 920.000 euros), partagée entre les lauréats.
Le millésime se poursuit à Stockholm mardi avec la physique et mercredi avec la chimie, avant les très attendus prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent prix d'économie clôt le millésime lundi prochain.
Avec ce 113e Nobel de Médecine, ils sont désormais 226 individus à s'être vu décerner le prix "de physiologie ou de médecine" depuis sa création, dont 12 femmes. Aucune organisation n'a jamais été récompensée, ce qu'interdisent les règles de l'Institut Karolinska qui décerne le prix.
Prix très masculin
L'an dernier, le prix était allé à deux Américains, David Julius et Ardem Patapoutian, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du toucher.
Des chercheurs américains ou basés aux Etats-Unis, de sexe masculin, dominent encore largement les Nobel scientifiques ces dernières décennies, malgré les efforts des jurys pour sacrer davantage de femmes.
Le millésime 2021 des Nobel n'avait pas dérogé à la règle, avec 12 lauréats et une seule lauréate. Tous les prix scientifiques étaient allés à des hommes.
Pour la littérature jeudi, des critiques interrogés par l'AFP penchent pour un nom plus connu, après deux lauréats sortis de l'ombre, la poétesse américaine Louise Glück en 2020 et le romancier britannique d'origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah l'an dernier.
Mais c'est le prix de la paix qui devrait à nouveau avoir le plus de retentissement cette année, dans le lourd contexte de la guerre en Ukraine.
Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, un conflit interétatique ne s'était déroulé aussi près d'Oslo.