À 16H00 (14H00 GMT), l'action Deezer s'effondrait de 26,94% à 6,21 euros, contre 8,50 euros pour son cours d'ouverture, à la Bourse de Paris, en baisse de 2,27%.
Le concurrent français de Spotify a fait ses débuts mardi matin à la Bourse de Paris, quelques minutes après que son patron a sonné la cloche ouvrant le marché, aux côtés du ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
Pour le gérant actions de Dôm Finance Valentin Bulle, cette chute n'est pas "choquante" .
Pierre Michaud, gestionnaire de portefeuille de Monocle, rappelle que dans le même secteur "la capitalisation boursière de Spotify a été découpée par trois en un an et demi".
La valeur de l'action du géant suédois a même perdu 60% depuis le début de l'année, mais plus largement, c'est tout le secteur technologique qui dégringole; l'indice américain de référence, le Nasdaq, affiche par exemple une chute de pas loin de 30%.
"Deezer arrive à un moment où les capitalisations se rationalisent", il est donc normal que le titre subisse "une décote" et rattrape en quelque sorte les pertes des derniers mois d'un seul coup, estime Pierre Michaud.
"Une volatilité importante était attendue au cours des premiers jours de négociation", souligne une source proche de Deezer, citant notamment parmi les raisons "un flux d'acheteurs limités" contre "un flux important de vendeurs", dont certains en quête de liquidité et prêts "à vendre à bas prix étant donné le prix d'entrée très bas".
Deuxième tentative
Quelques jours plus tôt, Jeronimo Folgueira, patron de Deezer, avait souligné que pour cette "deuxième tentative" boursière, "la situation était différente de ce qu'elle était en 2015", avec une marché du "streaming musical vraiment établi".
"L'état dans lequel se trouve l'entreprise est aujourd'hui bien meilleur qu'il y a sept ans", avait-il assuré.
Pour réussir cette fois-ci, les principaux actionnaires de Deezer ont choisi un système d'introduction moins risqué, via un Spac, un véhicule d'investissement.
Le Spac I2PO, fondé par la famille du milliardaire français François Pinault, l'homme d'affaires français Matthieu Pigasse et l'ancienne dirigeante de WarnerMedia Iris Knobloch, a levé des fonds en Bourse pour faciliter la cotation de Deezer et a déjà récolté 143 millions d'euros.
Lancé en 2007, le service français d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA.
La stratégie de Deezer, qui veut plus que doubler ses revenus d'ici à 2025, est de miser sur la musique, son univers et sa technologie, contrairement à Spotify qui multiplie les lancements de podcasts ou Amazon qui se concentre sur les livres audios.
Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d'utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte s'allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs marchés-clé : les opérateurs Orange en France et Tim au Brésil, ou encore le groupe RTL en Allemagne.
"Notre intention est de trouver des partenaires avec lesquels nous pouvons entrer sur de nouveaux marchés, car nous avons un produit extrêmement compétitif et, avec la bonne distribution, nous savons que nous pouvons conquérir des parts de marché et rivaliser avec les grands acteurs", avait détaillé Jeronimo Folgueira.
Si l'entreprise Believe (accompagnement d'artistes et de labels indépendants), avait déçu en levant seulement 300 millions d'euros lors de son introduction en juin 2021, Banijay (télévision) et Betclic (paris sportifs en ligne) ont réussi leur entrée en Bourse vendredi à Amsterdam.