Israël a effectué, tôt vendredi, des frappes aériennes en réponse à des roquettes tirées par des militants de Gaza, au moment où les tensions augmentent suite à l’incursion israélienne jeudi en Cisjordanie occupée. Neuf palestiniens dont une sexagénaire ont trouvé la mort et le bilan risque de s'alourdir dans les heures qui viennent.
Un dixième Palestinien a été abattu jeudi à Al-Ram, près de Ramallah, selon le ministère israélien de la Santé.
La journée de jeudi était la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la flambée de la tension entre l’armée israélienne et le Jihad islamique à Gaza en août 2022, et au cours de laquelle 49 Palestiniens au moins ont été tués en l’espace de trois jours.
Les Nations unies n’ont pas recensé de bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis le début du recensement des victimes en 2005.
Condamnation internationale et appels au calme
La Turquie a fermement condamné jeudi le raid israélien en Cisjordanie occupée et a exprimé sa “profonde préoccupation” face à la montée des tensions et les pertes en vies humaines presque quotidiennes.
Plusieurs pays arabes ont également dénoncé l’offensive israélienne, dont la Jordanie. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a appelé Israël à mettre un terme à toutes ses opérations militaires et à toutes les mesures qui nuisent aux chances de paix.
Les États-Unis ont, de leur côté, déploré la perte de vies innocentes ainsi que les blessés parmi les civils. Le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, a exprimé les profondes craintes de Washington à propos de ce qu’il a qualifié de "cycle de violence” en Cisjordanie.
Price a aussi souligné "le besoin urgent pour toutes les parties de désamorcer l’escalade, d'empêcher de nouvelles pertes de vies civiles et d'œuvrer ensemble pour améliorer la situation sécuritaire en Cisjordanie".
Blinken en tournée au Proche-Orient
La montée de la tension dans la région jette une ombre sur le déplacement prévu du secrétaire d'État américain Antony Blinken dans la région entre le 29 et le 31 janvier.
La visite a été annoncée quelques heures seulement après l’incursion de commandos israéliens en Cisjordanie occupée.
Au menu des entretiens de Blinken avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et d'autres hauts responsables "le soutien durable des États-Unis à la sécurité d’Israël et la nécessité urgente de prendre des mesures pour réduire la tension".
Le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a déclaré dans un communiqué que Blinken discuterait également de l'importance de maintenir le statu quo autour de la mosquée Al-Aqsa où une visite récente d'Itamar Ben-Gvir, symbole de l’extrême-droite radicale en Israël et nouveau ministre de la Sécurité, a suscité l'indignation parmi les Palestiniens et dans le monde islamique.
La visite de Blinken est la première de son genre depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement de droite de Netanyahu dont la coalition de droite et d’extrême-droite a été accueillie par des inquiétudes aussi bien en Israël qu’à l’étranger.
Le Conseil de sécurité interpellé
Les Émirats arabes unis, la Chine et la France ont convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité vendredi, concernant les récents développements à Jénine.
Les Emirats ont également demandé à entendre l’évaluation de l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, à ce propos.
Wennesland a souligné, dans un communiqué, le caractère urgent de faire baisser immédiatement les tensions, faisant remarquer que des niveaux élevés de violence ont été enregistrés, depuis le début de l’année.
L’Autorité palestinienne hausse le ton
Suite au raid israélien, l'Autorité palestinienne a annoncé jeudi mettre fin à la coordination sécuritaire avec Israël..
"A la lumière des agressions répétées contre notre peuple et des violations d'accords signés, notamment sécuritaires, nous considérons que la coordination sécuritaire avec le gouvernement d'occupation israélien cesse d'exister à partir de maintenant", a indiqué dans un communiqué le bureau du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
L'Autorité palestinienne avait déjà pris une décision similaire en mai 2020 pour protester contre un projet israélien d'annexion de pans de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967. La coordination sécuritaire entre Israéliens et Palestiniens - héritée des accords de paix d'Oslo (1993) ayant débouché sur la création de l'Autorité palestinienne - avait repris en novembre 2020.