La chaîne de télévision pro-houtie al-Massira a annoncé, tôt ce samedi, qu’au moins un site, dans la capitale Sanaa, a été la cible de raids américains. L’info a été confirmée après par le Commandement militaire central des Etats-Unis (Centcom) qui a fait état d’une frappe vers 03H45 locales (00H45 GMT) "contre un site radar au Yémen".
La montée rapide de la tension en mer Rouge, corollaire de la guerre menée par Israël contre Gaza, a atteint son paroxysme lorsque des forces américaines et britanniques ont mené, aux premières heures du vendredi, des frappes contre des sites militaires houthis qui contrôlent de vastes régions du Yémen, dont la capitale Sanaa.
Loin d’être intimidés, les leaders des Houthis ont menacé de continuer à "barrer la route aux navires israéliens ou à ceux faisant route vers la Palestine occupée”.
Les Houthis, intraitables
Le président du Conseil politique suprême du groupe, Mahdi al-Mashat, a déclaré que "l'agression américano-sioniste et britannique contre le Yémen est une agression criminelle brutale et injustifiée, une violation flagrante de toutes les lois, qu'ils paieront au prix fort".
"Le sang des Yéménites est précieux et notre vengeance ne s'arrêtera pas", a affirmé al-Mashat, ajoutant que les interventions des États-Unis et du Royaume-Uni "ne détourneront pas le Yémen de sa position de soutien à la Palestine".
Le mouvement des Houthis fait partie de "l'axe de la résistance" établi par l'Iran, qui réunit dans la région des groupes hostiles à Israël, notamment le Hezbollah libanais et des groupes armés en Irak et en Syrie.
Le président américain Joe Biden avait menacé les Houthis d'autres frappes sur des positions de ces rebelles si ces derniers ne mettaient pas un terme à leurs tirs en mer Rouge.
Or, après les frappes britanniques et américaines de vendredi, les Houthis ont tiré "au moins un missile" qui n'a cependant touché aucun navire, a indiqué l'armée américaine avant la frappe de samedi matin menée par le destroyer USS Carney utilisant des missiles Tomahawk.
Les frappes américaines et britanniques de vendredi, "73 raids", ont visé des sites militaires à Sanaa et dans les gouvernorats de Hodeida (ouest), Taëz (sud), Hajjah (nord-ouest) et Saada (nord), avait révélé, plus tôt, le porte-parole militaire des Houthis tandis que l'armée américaine avait évoqué 30 positions militaires ciblées sur un total de plus de 150 frappes.
La Maison blanche a parlé d'une opération menée "avec succès", évoquant une action "défensive" pour protéger le commerce maritime international.
Reprochant aux Houthis d'avoir ignoré "les avertissements répétés de la communauté internationale", le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait qualifié les frappes de mesures "nécessaires (...) en état de légitime défense".
Une artère vitale du commerce
Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l'Australie, le Canada et Bahreïn ont souligné que leur objectif était la "désescalade" en mer Rouge.
A l'ONU, le Secrétaire général Antonio Guterres avait plus tôt appelé "toutes les parties concernées à éviter une escalade (...) dans l'intérêt de la paix et de la stabilité en mer Rouge et dans l'ensemble de la région", avait rapporté son porte-parole Stéphane Dujarric.
Le Kremlin a fermement condamné des frappes occidentales "illégitimes du point de vue du droit international". Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, le représentant de la Russie, Vassili Nebenzia, a fustigé une "agression flagrante" et une "frappe massive" contre "la population du pays dans son ensemble".
Les attaques des Houthis, menées avec des missiles et des drones, ont poussé de nombreux armateurs à délaisser le couloir de la mer Rouge entre l’Europe et l’Asie, au prix d'une hausse des coûts et du temps de transport, le dernier en date étant, vendredi, la compagnie de transport maritime danoise Torm. Pour y faire face, Washington a mis en place une coalition multinationale afin de protéger le trafic maritime dans cette zone par où transite 12% du commerce mondial.