Les troupes israéliennes ont pris d'assaut le complexe de la mosquée Al Aqsa pour une deuxième nuit consécutive, attaquant les fidèles palestiniens à l'intérieur, quelques heures après avoir effectué un raid sur le troisième site le plus sacré de l'Islam, ce qui a suscité des critiques dans le monde entier.
Les troubles ont été moins intenses que la nuit précédente, mais la situation reste explosive alors que les musulmans célèbrent le mois sacré du Ramadan et que les juifs entament la semaine de Pâques.
Des témoins ont déclaré à l'agence Anadolu que les forces israéliennes avaient fait irruption mercredi soir dans la salle de prière Al Qibli du complexe de la mosquée Al Aqsa après les prières de tarawih, une prière spéciale pendant le mois sacré du Ramadan, qu'elles avaient tiré des grenades incapacitantes et qu'elles avaient frappé des fidèles palestiniens.
De plus en plus de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la mosquée, répondant aux appels à prier à l'intérieur pendant la nuit.
Le Croissant-Rouge palestinien à Jérusalem-Est occupée a déclaré que ses équipes médicales avaient soigné six Palestiniens, dont deux ont été hospitalisés.
La police israélienne a tenté d'évacuer les fidèles en utilisant des grenades assourdissantes et en tirant des balles en caoutchouc, a indiqué le personnel du Waqf. En réponse, les fidèles ont jeté des objets sur la police israélienne, selon des témoins.
Plus tôt dans la journée de mercredi, les troupes israéliennes ont frappé des personnes et arrêté plus de 350 autres lors d'une incursion de la police dans la mosquée, provoquant un échange de roquettes et de frappes aériennes, avec la crainte d'une nouvelle escalade.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les forces israéliennes munies de "matraques, d'armes, de grenades de gaz lacrymogène et de fumigènes" ont fait irruption dans la mosquée, "brisant des portes et des fenêtres", alors que des fidèles y étaient rassemblés pour prier la nuit, a affirmé Abdelkarim Ikraiem, un Palestinien de 74 ans.
Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre des policiers matraquer des personnes à terre à l'intérieur de l'édifice.
Le Croissant rouge palestinien a affirmé mercredi avoir traité au moins 37 blessés alors que le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), a exprimé son "soutien total" à la police et à ses actions "rapides et déterminées".
Israël fortement critiqué
Les condamnations internationales se sont multipliées après les violences de la police israélienne.
Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "choqué et consterné" par les "violences et coups" des forces de sécurité israéliennes, d'après son porte-parole, Stéphane Dujarric.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné les actions “ignobles” et a appelé à l’arrêt immédiat de ces attaques. “S’en prendre à la mosquée Al-Aqsa et piétiner le caractère sacré de ce monument est notre ligne rouge. La Turquie ne peut pas rester silencieuse face à ces attaques”, a-t-il déclaré lors d’un iftar dans la capitale Ankara tandis que la Ligue arabe, qui a organisé une réunion extraordinaire, a mis en garde contre des "provocations" heurtant "les sentiments des croyants".
La France a appelé jeudi “au respect du statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem” après les violences qui ont eu lieu sur l’Esplanade des Mosquées, y compris dans la mosquée Al-Aqsa.
Elle a en outre exhorté “à s’abstenir de toute action susceptible d’accroître la violence”, a déclaré François Delmas, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.
La Maison Blanche s'est elle dite "extrêmement préoccupée", appelant "toutes les parties à éviter une escalade supplémentaire".
Mercredi soir, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a estimé que la nouvelle "attaque" israélienne contre la mosquée Al-Aqsa soulignait la volonté du gouvernement israélien "de précipiter la région dans l'instabilité".
Auparavant, la Jordanie s'était alarmée d'"attaques continues pouvant mener à une escalade". Le mouvement palestinien Hamas a dénoncé pour sa part un "crime sans précédent".
Jérusalem-Est occupée et ses environs sont les théâtres d’une tension grandissante depuis la formation du dernier gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahu, à la fin de l'année dernière, que les médias israéliens qualifient du gouvernement "le plus extrémiste de l'histoire d'Israël".
Au moins 88 Palestiniens ont été tués par les troupes israéliennes cette année, selon l'Associated Press. Les attaques palestiniennes contre des Israéliens ont fait 15 morts au cours de la même période.
Plus de 700 000 colons israéliens illégaux vivent aujourd'hui en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.