Pourquoi les dirigeants européens critiquent-ils Elon Musk?
Alors que les dirigeants européens se battaient pour attirer les faveurs d’Elon Musk, plusieurs d’entre eux ont haussé le ton contre le milliardaire, l’accusant de colporter "des mensonges et de la désinformation".
Elon Musk a multiplié les marques de soutien aux représentants de l'extrême droite en Allemagne et au Royaume-Uni. (Others)

Le Premier ministre britannique, une des cibles privilégiées d'Elon Musk ces dernières semaines, a dénoncé "ceux qui propagent mensonges et désinformation" après que le magnat ait multiplié les messages sur X pour attaquer la gestion par les autorités d'une affaire de pédocriminalité en Angleterre, tout en soutenant un activiste d'extrême droite. En réponse, Elon Musk a qualifié le dirigeant britannique de "tout à fait méprisable".

Au même moment, le président français Emmanuel Macron a regretté de voir l'homme le plus riche de la planète soutenir "une internationale réactionnaire" en Europe.

"Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l'aurait imaginé ?", a-t-il ainsi lancé lors d'une allocution devant les ambassadeurs français.

Macron faisait référence au soutien appuyé du milliardaire américain au parti d'extrême droite allemand, l’AfD, notamment via une tribune publiée dans le journal Die Welt en pleine campagne pour les élections anticipées.

La tonalité contraste avec le temps où les dirigeants européens se disputaient l’opportunité d’attirer les faveurs de l'homme d'affaires, espérant installer une future usine Tesla et louant son génie visionnaire en tant que fondateur de SpaceX.

Mais depuis son soutien à Donald Trump et son rôle actif dans sa campagne, Elon Musk a multiplié les marques de soutien aux représentants de l'extrême droite en Allemagne et au Royaume-Uni.

Ces prises de position, souvent relayées sur son réseau social X, inquiètent désormais certains dirigeants en place, en particulier dans un contexte où l’extrême droite prend de l’ampleur dans de nombreux pays européens, souvent alimentée par des préoccupations sur l'immigration.

Ces déclarations compliquent également la position des responsables européens, à quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le président américain ayant confié à Elon Musk une mission sur la réduction des dépenses publiques.

"Attaque contre la démocratie"

Exception notable parmi les principaux pays européens : la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a salué Musk comme un "génie" et un "innovateur extraordinaire", dans un entretien avec le Corriere della Sera vendredi.

"Cela me fait sourire de voir ceux qui jusqu'à hier parlaient de Musk comme d'un génie et qui en revanche aujourd'hui le dépeignent comme un monstre, seulement parce qu'il a choisi le camp considéré comme mauvais sur la barricade", a ironisé la dirigeante italienne, qui a par ailleurs rendu brièvement visite à Donald Trump samedi en Floride.

En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a condamné samedi les "déclarations erratiques" d'Elon Musk, qui l'avait qualifié de "fou" et "d'imbécile incompétent", avant de qualifier le président Frank-Walter Steinmeier de "tyran".

Musk avait également jugé que le gouvernement travailliste britannique dirigeait un "État policier tyrannique", du fait des poursuites engagées contre les personnes ayant attisé les violences sur les réseaux sociaux lors des émeutes de l'été dernier.

Cependant, dans un entretien au magazine Stern, le chancelier allemand social-démocrate a estimé qu'il fallait "garder son calme" face aux déclarations de l'homme d'affaires hyperactif.

"Le président allemand n'est pas un tyran anti-démocratique et l'Allemagne est une démocratie forte et stable - peu importe ce que M. Musk affirme", a souligné Olaf Scholz.

Mais son vice-chancelier et ministre de l'Économie, l'écologiste Robert Habeck, a lui jugé ce week-end que "la combinaison d'une énorme richesse, du contrôle de l'information et des réseaux, de l'utilisation de l'intelligence artificielle et de la volonté d'ignorer les règles est une attaque frontale contre notre démocratie".

En Norvège aussi, le Premier ministre Jonas Gahr Støre a fait part lundi de son inquiétude, jugeant sur la radio publique NRK, "préoccupant qu'un homme avec un accès considérable aux réseaux sociaux et d'importantes ressources économiques s'implique de manière si directe dans les affaires internes d'autres pays".

Agences