Fabrice T. sera jugé pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par une personne dépositaire de l'autorité publique", selon l'ordonnance de mise en accusation signée jeudi.
Il est accusé d'avoir "volontairement effectué un tir ne respectant pas le règlement en vigueur, car tiré de façon évidente trop bas, en dessous des 30° minimum requis", soit un tir tendu, écrit la magistrate.
La grenade lacrymogène a "percuté violemment l'œil gauche de Manuel Coisne, sans qu'il puisse l'éviter et l'anticiper, entraînant la perte irrémédiable de son oeil", poursuit-elle.
"Un tir tendu n'avait pas sa place dans le cas d'espèce, Manuel Coisne n'exerçant aucune voie de fait envers les forces de police et étant en retrait des manifestants violents", estime la juge d'instruction.
"La poursuite criminelle de ce policier qui a éborgné Manu Coisne avec une grenade est un soulagement", a réagi Arié Alimi, avocat du manifestant.
Manuel Coisne participait à une manifestation autorisée des "gilets jaunes" le 16 novembre 2019 place d'Italie à Paris, qui avait dégénéré avant d'être annulée par la préfecture de police.
Sur une vidéo, on voit l'homme âgé alors de 41 ans discuter à l'écart du chaos avec d'autres manifestants, à proximité d'un centre commercial.
Il est soudainement heurté sur la partie gauche de son visage par une grenade lacrymogène.
Au cours de la procédure, le gardien de la paix, âgé actuellement de 49 ans, a nié "être l'auteur des blessures de Manuel Coisne" tout en précisant que si l'enquête démontrait son implication, "cela ne (pouvait) être alors qu'involontaire".
Fabrice T. avait été inculpé le 30 mars 2023 et laissé libre.
La juge d'instruction est allé à l'encontre du parquet, qui avait requis un non-lieu, estimant que "si le tir effectué par Fabrice T. peut être considéré comme un tir tendu par la gendarmerie nationale, l'expert balistique et le constructeur, il est conforme au regard de la formation reçue par le mis en cause".
Ce procès criminel sera parmi les premiers concernant les violences commises par des policiers lors des manifestations des "gilets jaunes", mouvement de protestation contre la vie chère qui avait débuté en France à l'automne 2018.