La contrôleure des prisons françaises a déploré dans un document publié jeudi que plusieurs centres de rétention pour immigrés en situation irrégulière demeurent structurellement "attentatoires à la dignité" humaine, malgré des mises en garde répétées mais "laissées sans suite".
"Il y a urgence à modifier profondément l'approche actuelle en matière de prise en charge des étrangers placés en CRA", les centres de rétention administrative où ils sont enfermés dans l'attente de leur expulsion, écrit Dominique Simonnot, dans de nouvelles recommandations transmises le 19 mai au gouvernement et publiées jeudi au Journal officiel.
Cette fois, la missive de l'autorité administrative indépendante cible quatre CRA, ceux de Lyon 2 (sud-est), du Mesnil-Amelot en région parisienne, de Metz (est) et de Sète (sud), où elle a relevé des conditions "gravement attentatoires à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes retenues".
Elle a notamment pris l'exemple du CRA de Lyon, ouvert en janvier 2022 et "supposé servir de modèle" pour un "CRA du futur": "Or, l'agencement et l'organisation des lieux entraînent des atteintes graves à l'intimité, à la dignité et à la séc urité des personnes".
L'autorité indépendante a également dénoncé des conditions de rétention dégradées, "à la fois en raison du vieillissement de locaux mal entretenus, sur-occupés (et) conçus pour de brefs séjours".
La France comptait 25 de ces centres en 2022, pour 1.936 places disponibles. Le gouvernement espère atteindre 3.000 places d'ici 2027 avec la construction de nouveaux CRA. Au total, 15.922 personnes en situation irrégulière ont été retenues en métropole l'an dernier, 27.643 en outre-mer.