François-Noël Buffet est un sénateur Les Républicains, président de la Commission des lois, ancien avocat, ancien maire d'Oullins, près de Lyon, et ancien proche de François Fillon. C'est lui qui vient d’être nommé ministre des Outre-mer.
Inconnu de la plupart des Français, il connaît bien la Nouvelle-Calédonie. Il a dirigé la mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Un rapport d’étape avait été publié après une visite de trois jours sur le Caillou en 2022. Le sénateur LR a également participé à la rédaction d’un rapport d’information sur la place des Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) dans les Caraïbes et sur l’insécurité à Mayotte.
Autre signe positif, il dirige un ministère de plein droit, et non pas un secrétaire d'État rattaché à un ministère. Depuis 2022, l’Outre-mer avait un secrétariat d'État et était rattaché au ministère de l’Intérieur. Cette fois, c’est à Michel Barnier directement que le ministre devra rendre des comptes. Cette mesure était réclamée par nombre d’élus ultra-marins.
Ce geste n’est pas anodin. Il correspond à la promesse du Premier ministre de faire de la Nouvelle-Calédonie, l’un de ses dossiers prioritaires.
Une situation de crise dans tout l’Outre-mer
Mais il y a un mais : le ministère va voir son budget baisser de 9,2%, si les lettres plafond lancées par le gouvernement démissionnaire sont suivies. La situation budgétaire de la France est mauvaise, Michel Barnier, le Premier ministre, a d’ores et déjà annoncé des économies et de nouveaux impôts.
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Mais une question surgit : lorsque les manifestations en Martinique contre la vie chère depuis début septembre tournent aux émeutes, lorsque Mayotte se débat entre crise de l’eau et migrants illégaux, lorsque les communautés de Nouvelle-Calédonie sont dos-à-dos, est-ce le bon moment ?
La sénatrice de la Réunion, Karine Lebon s’en est inquiétée auprès de Imaz press : “Une fois encore, nous sommes les grands perdants des arbitrages budgétaires pris dans le secret des bureaux de Bercy. Cette baisse n'a absolument aucun sens, d'autant plus qu'en prenant en compte l'inflation nous faisons face à une diminution budgétaire encore plus impressionnante".
Émeutes et manifestations dans les Caraïbes
En Martinique, la France vient d’envoyer une compagnie de CRS pour calmer les émeutes urbaines. Aucune compagnie de CRS n’avait mis le pied sur l’île des Caraïbes depuis 1959 selon le journal France-Antilles.
Et la mobilisation en Martinique semble se propager en Guadeloupe. Depuis lundi 17 septembre, la grève des agents EDF de la principale centrale thermique paralyse l’île et les habitants vivent au gré des délestages et des coupures de courant. A la veille du week-end, des barrages sont apparus sur plusieurs axes routiers après des appels à manifester sur les réseaux sociaux.
Les élus Calédoniens viennent à Paris
En Nouvelle-Calédonie, le gouvernement local croule sous les dettes, les émeutes ont fait plus de deux milliards d’euros de dégâts. Les élus calédoniens doivent se rendre à Paris le 23 septembre pour rencontrer le nouveau gouvernement. Le séjour durera jusqu’au 4 octobre. Le prochain plan quinquennal de financement de l’archipel sera discuté.
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À Mayotte, les coupures d’eau continuent. Le plan eau annoncé en 2023 a pour l’instant consisté à réparer mille fuites dans le réseau. Une usine de dessalement devrait entrer en fonctionnement à la fin de l’année prochaine, une annonce faite par le Préfet de l’île, la semaine dernière. L’insécurité reste l’un des problèmes majeurs de l’île. La deuxième campagne de lutte contre l’immigration lancée en avril a, cependant, calmé le jeu.
Le nouveau ministre aura donc de quoi s’occuper mais si les élus ultramarins s’inquiètent des coupes budgétaires, la personnalité de Noël Buffet semble plutôt être bien perçue. A Nouméa (Nouvelle-Calédonie), loyalistes et indépendantistes saluent l’arrivée d’un homme qui connaît le “caillou” et qui sait écouter.
En Martinique, les commentaires sont plus durs, Gladys Roger, du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC) qui a lancé les manifestations contre la vie chère, n’admettra aucune erreur : “A la moindre erreur, il sera sanctionné parce que nous en avons marre des ministres (...) qui ne connaissent rien à nos réalités."