Le président français Emmanuel Macron a convoqué les dirigeants des principaux pays de l'Union européenne ainsi que le Royaume-Uni à l'Élysée pour une réunion d'urgence sur la manière de traiter avec les États-Unis, autrefois un solide partenaire.
Cette décision intervient après une semaine de rebondissements diplomatiques de l'administration Trump, qui a semblé soutenir le Kremlin tout en faisant la sourde oreille à nombre de ses alliés européens de longue date.
Malgré les avertissements belliqueux émis par Donald Trump pendant les mois précédant sa réélection à la présidence des États-Unis, les dirigeants de l'UE ont publiquement ignoré ces pressentiments inquiétants et espéré d'une manière ou d'une autre que Trump se tiendrait aux côtés de l'Europe, lorsqu'elle commencerait enfin à agir pour renforcer ses défenses et deviendrait moins dépendante de la puissance de feu de Washington.
Mais les discours prononcés par le vice-président JD Vance et le secrétaire à la Défense Pete Hegseth lors de leurs premières visites en Europe la semaine dernière ont remis en question à la fois les engagements de l'Europe en matière de sécurité et ses principes démocratiques fondamentaux.
Macron a déclaré que leurs réprimandes cinglantes et leurs menaces de non-coopération face au danger militaire étaient ressenties comme un choc pour le système.
Point de basculement
Le point de basculement est survenu lorsque Trump a décidé de bouleverser des années de politique américaine en organisant des pourparlers avec le président russe Vladimir Poutine dans l’espoir de mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Samedi, l'envoyé spécial de Trump pour l'Ukraine et la Russie a pratiquement exclu la présence d'autres Européens dans les négociations de paix sur l'Ukraine.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a qualifié cette semaine de “moment existentiel”, affirmant que c'est le moment où l'Europe doit se lever”.
Même si Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères français, a cherché à minimiser l'importance de la réunion d'urgence des principaux dirigeants européens, la ruée du week-end pour l’organiser a mis en évidence quelque chose de bien plus fondamental.
Lundi après-midi, Macron s'entretiendra avec les dirigeants de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas, du Danemark et de l'Union européenne sur la manière de gérer le dilemme sécuritaire en Europe. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, sera également présent.
Les responsables français ont déclaré qu'aucune décision ferme ne devrait émerger, au-delà d'une démonstration d'unité entre les dirigeants européens.
“Il y a un vent d'unité qui souffle sur l'Europe, comme nous n'en avons peut-être pas ressenti depuis la période du Covid “, a déclaré M. Barrot, en référence à la pandémie de 2020, lorsque les 27 pays de l'UE ont dû se serrer les coudes pour éviter une catastrophe sanitaire.
Critiques de la Hongrie
Le gouvernement hongrois a critiqué lundi des leaders européens "frustrés" et "pro-guerre" avant la rencontre d'une dizaine d'entre eux en France afin de définir une réponse commune face à l'"accélération" de l'administration américaine sur l'Ukraine.
"Aujourd'hui à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto en marge d'une conférence de presse au Kazakhstan, retransmise sur son compte Facebook.
"Contrairement à eux, nous soutenons les ambitions de Donald Trump. Contrairement à eux, nous soutenons des négociations entre la Russie et les Etats-Unis", a-t-il ajouté.
Le président hongrois, Viktor Orban, l'un des rares dirigeants de l'UE à afficher sa proximité avec Donald Trump et Vladimir Poutine, ne cesse de plaider pour un cessez-le-feu et la mise en place de discussions de paix, tout en refusant d'envoyer de l'aide militaire à Kiev.
Depuis le retour à la Maison Blanche de Trump, il s'estime conforté dans ses positions et déplore "l'impuissance" de l'UE.