Toulouse: un enseignant suspendu après avoir critiqué la “boucherie” israélienne
Un enseignant de la Toulouse School of Economics (TSE) a été suspendu après avoir critiqué l’offensive israélienne à Gaza et exprimé son soutien au boycott d'Israël.
Façade de la Toulouse School of Economics (Others)

Benoît Huou, enseignant en mathématiques à la TSE, a été suspendu à titre conservatoire, suite à des propos tenus lors de l'introduction de son cours, le 3 septembre.

Par voie de communiqué, la direction de l'établissement a précisé que ces déclarations, qui ne concernaient pas la matière enseignée, constituaient "une infraction à l’obligation de réserve" imposée aux agents publics.

Son cas sera examiné dans le cadre d'une procédure disciplinaire interne, selon Christian Gollier, directeur de la TSE.

The Lancet

L'incident a débuté lorsque l'enseignant a évoqué un texte paru dans la revue “The Lancet”, publication scientifique de référence dans le domaine de la santé.

Cette lettre, signée par plusieurs chercheurs, avançait une estimation selon laquelle près de 200 000 Palestiniens auraient perdu la vie à cause des offensives israéliennes, depuis la fin de l'année 2023.

Benoît Huou a relayé ce chiffre devant ses étudiants, soulignant “l'ampleur inédite” du conflit et dénonçant ce qu’il a qualifié de “guerre à sens unique”.

Un enregistrement de ses propos a été diffusé sur le réseau X par le compte pro-israélien Sword of Salomon, qui a alerté les autorités universitaires.

“Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgées. De mon vivant –j’ai 35 ans–, je n’ai jamais vu une telle boucherie”, a-t-il affirmé devant deux cents étudiants, selon les propos rapportés par Le Monde.

L'enseignant a également critiqué le traitement médiatique du conflit, jugeant que la responsabilité des événements actuels ne devait pas être uniquement imputée au Hamas.

Il a ouvertement appelé au boycott d'Israël et conclu ses remarques en dénonçant “le soutien tacite du gouvernement français” à Israël.

Réactions

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, est également intervenue dans le débat.

Dans un message publié sur X, elle a déclaré que les institutions universitaires avaient pour mission de “bâtir une société meilleure” et de “lutter contre les fake news et les amalgames nauséabonds”. Elle a souligné que l’enseignement supérieur doit se prémunir contre toute forme de discrimination, notamment l'antisémitisme.

Le texte publié dans “The Lancet”, sur lequel Benoît Huou s'est basé pour appuyer ses propos a été coécrit par Rasha Khatib, Martin McKee et Salim Yusuf, des chercheurs en santé publique, qui estiment que jusqu'à 186 000 Palestiniens auraient perdu la vie, directement ou indirectement, en raison du conflit.

La suspension de Benoît Huou a déclenché une onde de choc parmi ses collègues et étudiants.

Certains défendent la liberté d’expression académique, à l’instar de Yann Bisiou, maître de conférences en droit, qui a déclaré sur X que les propos de l’enseignant ne devraient pas justifier une sanction.

“On peut contester les propos de ce collègue, critiquer le manque de fiabilité de ses sources, mais on ne devrait pas le sanctionner pour avoir exprimé une opinion”, a-t-il affirmé.

TRT Français et agences