La coalition de droite et d'extrême droite mise en place en décembre par Benjamin Netanyahu tente de faire passer une législation qui donnerait au gouvernement une plus grande influence sur la sélection des juges et limiterait les prérogatives de la Cour suprême.
Selon ses détracteurs, le texte, en visant à réduire l'influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, menace le caractère démocratique du pays.
Mais Benjamin Netanyahu et son ministre de la Justice Yariv Levin l'estiment nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le Premier ministre et ses alliés jugent politisée.
Deux dispositions phares de la réforme - la première qui modifie le processus de nomination des juges et la deuxième qui entend empêcher la Cour suprême d'invalider toute nouvelle loi fondamentale votée par le Parlement - ont d'ores et déjà été adoptées par les députés en première lecture.
Une autre disposition hautement contestée de la réforme,- l'introduction d'une clause "dérogatoire" permettant au Parlement d'annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême,- doit être votée en première lecture à une date ultérieure.
Grève et manifestations
Ce projet de réforme a provoqué des manifestations massives en Israël depuis son annonce début janvier. Pour la neuvième semaine consécutive, plusieurs milliers d'Israéliens sont descendus dans les rues de Tel-Aviv samedi soir pour protester contre la réforme.
Des dizaines de pilotes de l'armée de l'air israélienne ont également menacé de ne pas participer à un entraînement pour protester contre le projet de réforme de la justice.
Dans une lettre envoyée dimanche au chef de l'état-major et publiée par les médias, 37 pilotes menacent de ne pas se présenter à cette journée prévue mercredi.
"Nous continuerons de servir l'État d'Israël juif et démocratique à tout moment et au-delà des frontières (...). Nous avons décidé de faire une pause d'une journée pour parler des processus inquiétants que traverse le pays", a expliqué l'un des pilotes dont l'identité ne peut pas être publiée en raison de la censure militaire.
L'ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, une figure centriste de l'opposition, a réagi en appelant tous les réservistes "à continuer de remplir leur devoir (...) et à défendre le caractère (démocratique) du pays à travers les manifestations”.
Le chef de l'opposition, le centriste Yaïr Lapid, a déclaré dimanche être "opposé à toute forme de refus de servir", suite à la déclaration de son ancien porte-parole, Roï Konkol, qui avait affirmé "ne pas vouloir servir l'armée sous le régime de Netanyahu".
En Israël, le service militaire est obligatoire et les appels à des périodes de réserve annuelles sont courants. Il n'est pas rare que certains réservistes refusent de participer à ces périodes pour des raisons idéologiques, afin de protester contre la politique du gouvernement.
La réforme judiciaire promue par le gouvernement israélien, suscite aussi l'inquiétude des milieux économiques et financiers qui mettent en garde contre son potentiel impact négatif sur l'économie du pays.
Deux anciens gouverneurs de la Banque d'Israël ont prévenu dans une tribune commune publiée récemment dans le Yedioth Aharonot, quotidien le plus vendu du pays, contre le "coup sévère à l'économie".