Toulouse censure une exposition de MSF qui dénonce le quotidien des Gazaouis
La mairie de Toulouse, ville jumelée avec Tel-Aviv depuis 1962, a censuré une exposition de Médecins sans frontières (MSF), qui documente la situation dramatique des civils dans la bande de Gaza.
A Palestinian woman carrying a chid walks past the rubble of a house, destroyed in previous Israeli strikes, amid the Israel-Hamas conflict, in Khan Younis, southern Gaza Strip / Photo: Reuters (Reuters)

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse qui est jumelée avec Tel-Aviv depuis 1962, a décidé d’annuler l’exposition "We did what we could" ("nous avons fait ce que nous pouvions") de Médecins sans frontières qui témoigne des atrocités vécues par les Gazaouis, car "sa tenue pose un risque évident de trouble à l’ordre public".

Prévue du 6 au 26 janvier à l'Espace diversités laïcité dans le cadre du festival Cinéma et droits de l'homme, l'exposition décrivait les défis auxquels les soignants sont confrontés face aux bombardements, aux pénuries et à l'insécurité permanente.

Selon le communiqué de Médecins sans frontières, l’exposition "raconte le siège, les bombardements et l’horreur du quotidien à Gaza à travers l’expérience de ses soignants, en première ligne du conflit […]. Ils témoignent des attaques d’Israël contre les hôpitaux et racontent leur quotidien qui rend leur mission quasi impossible : les afflux massifs de patients, les déplacés qui s’y réfugient, les pénuries de médicaments et de nourriture et les ordres d’évacuation".

La mairie justifie cette décision par "un contexte local […] tendu, notamment par l’interdiction, depuis le 7-Octobre, de plusieurs manifestations liées au conflit israélo-palestinien par la préfecture et dont la radicalité posait un problème de trouble à l’ordre public ou encore le ciblage récent de plusieurs commerces toulousains au motif de leur prétendu soutien à Israël, sur le seul motif de la judéité présumée de leur propriétaire…"

Pourtant, en mai 2023, ce sont des soutiens d’Israël, parmi lesquels figurait une élue de la majorité municipale, proche du maire Jean-Luc Moudenc, qui avaient provoqué des perturbations à l’occasion de la venue à Toulouse de l’avocat franco-palestinien Salah.

Amalgame injustifié

Dans une lettre ouverte au maire de Toulouse, publiée le 6 janvier, Médecins sans frontières, soutenue par plusieurs associations humanitaires (Amis du Monde diplomatique, Médecins du monde, Amnesty International Midi-Pyrénées, entre autres), a exprimé sa consternation face à l’annulation de l’exposition.

Les signataires de la lettre dénoncent "l'amalgame injustifié" établi entre des actes répréhensibles récents et une exposition humanitaire visant à témoigner du quotidien des Gazaouis. Ils rappellent que cette initiative, portée par une organisation active sur le terrain, n’a d’autre objectif que de sensibiliser à la situation des populations civiles.

Ils déplorent aussi que cette décision contribue à la déshumanisation des Palestiniens et affirment leur volonté de rendre cette exposition accessible au public toulousain dans un futur proche.

Guerre génocidaire

L’armée israélienne poursuit, depuis le 7 octobre 2023, une guerre génocidaire contre Gaza qui a tué plus de 45 800 personnes, principalement des femmes et des enfants, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat.

En novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.

Tel Aviv fait également l’objet d’une plainte pour génocide devant la Cour internationale de justice pour sa guerre meurtrière contre l’enclave.

TRT Francais