Soudan: des mandats d'arrêt de la CPI en vue
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) souhaite des mandats d'arrêt pour certains officiels soudanais, responsables de la guerre qui sévit au Darfour depuis 21 ans.
Karim Khan, le Procureur de la CPI est favorable à l'interpellation des responsables de la guerre au Darfour / Photo: AA (AA)

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a dit, lundi, espérer pouvoir demander dans les prochains mois des mandats d'arrêt pour certains des responsables du "cauchemar" vécu par la population du Darfour, région du Soudan ravagée par la guerre.

Présentant son rapport semestriel devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Karim Khan a déploré une "nouvelle détérioration" de la situation ces six derniers mois, "six mois de malheur, six mois de souffrance", où "la terreur est devenue monnaie courante" pour les civils.

Il a notamment insisté sur les "nombreuses informations crédibles de viols, de crimes contre et touchant les enfants, de persécution à large échelle".

Une guerre oppose depuis avril 2023 l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l'ONU.

Dans ce contexte, la CPI, déjà saisie en 2005 par le Conseil de sécurité de l'ONU concernant la guerre civile du début des années 2000 au Darfour qui avait fait environ 300.000 morts, a ouvert, en juillet 2023, une nouvelle enquête pour crimes de guerre dans cette région.

Cette enquête a fait des "progrès importants", a assuré Karim Khan, lundi. "Je serai en position j'espère dans mon prochain rapport (dans six mois, ndlr) d'annoncer des demandes de mandats d'arrêt contre certains des individus les plus responsables de ce que nous voyons en ce moment".

Mais le procureur a demandé l'aide de la communauté internationale, et du Conseil de sécurité en particulier.

"La population vit un cauchemar et nous devons tous nous regarder dans le miroir et nous demander si nous avons fait collectivement tout ce que nous pouvons", a-t-il lancé.

"Le climat d'impunité que nous voyons de façon tangible sur le terrain à El-Geneina, et de plus en plus à El-Facher, est encouragé par le sentiment profond que toutes les vies ne se valent pas et que nous ne regardons pas (...), que nous sommes indifférents", a-t-il déploré.

Selon un rapport d'experts de l'ONU, entre 10.000 et 15.000 personnes ont été tuées en 2023 à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest. La capitale du Nord-Darfour, El-Facher, est, elle, assiégée depuis début mai par les FSR.

"Les habitants sont traumatisés, ou enterrés, ou attendent désespérément que la communauté internationale entende leurs cris, voit leur sang, voit et ressente leur agonie et présente des solutions, pas des polémiques", a lancé le procureur de la CPI.

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TRT Français et agences