La pression s'accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort autoproclamé du pays, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger, à l'origine de la chute de Mohamed Bazoum, séquestré depuis quatre jours.
De fait, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 membres) peut prononcer des sanctions contre le Niger, l'un de ses membres, et emboîter le pas à l'UE et la France, qui ont décidé de suspendre leurs aides budgétaires, et même sécuritaires du côté de l'institution européenne, ne reconnaissant pas les "autorités" issues du putsch.
Les chefs d'État de la CEDEAO, et de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, qui compte 8 membres, pourraient suspendre le Niger de ses institutions, le couper de la banque centrale régionale et du marché financier, et fermer les frontières.
Le Tchad, voisin oriental du Niger et non-membre des deux organisations régionales, a été invité au sommet de la CEDEAO, selon un communiqué du bureau du président tchadien publié samedi.
Les chefs militaires du Niger mettent en garde contre toute intervention armée dans le pays
Avant le sommet de dimanche, les chefs militaires nigériens ont mis en garde samedi soir, dans une déclaration lue à la télévision nationale nigérienne, contre toute intervention militaire.
"L'objectif de la réunion (de la CEDEAO) est d'approuver un plan d'agression contre le Niger par une intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec d'autres pays africains non membres de la CEDEAO et certains pays occidentaux", a déclaré le porte-parole de la junte, le colonel Amadou Abdramane.
"Nous voulons rappeler une fois de plus à la CEDEAO ou à tout autre aventurier, notre ferme détermination à défendre notre patrie", a-t-il ajouté.
La junte a publié un second communiqué samedi soir invitant les citoyens de la capitale à descendre dans les rues à partir de 7 heures du matin, heure locale (6 heures GMT), pour protester contre la CEDEAO et manifester leur soutien aux nouveaux dirigeants militaires.
Condamnation internationale
Le putsch mené par ce haut gradé discret a été vivement condamné par les partenaires occidentaux de Niamey, plusieurs pays africains et l'ONU, qui ont demandé la libération de Mohamed Bazoum.
L'entourage de ce dernier a dénoncé "un coup d'Etat pour convenance personnelle", affirmant que M. Bazoum "va très bien" malgré sa séquestration.
A Nairobi, le président kenyan William Ruto a estimé qu'avec ce coup d'Etat, "l'Afrique a subi un sérieux revers dans ses avancées démocratiques".
Le ministre de l'Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, a lui invité la CEDEAO et l'UA à lutter pour "la libération sans délai" de M. Bazoum et la reprise de ses fonctions.
Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960. La région, elle aussi, est instable, le pays étant le troisième à connaître un coup d'Etat depuis 2020 après l'arrivée des militaires au Mali et au Burkina Faso.
A quelques jours de la fête de l'indépendance le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après l'interdiction des manifestations pro-putschistes.
Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité a été renforcée dans les rues, a constaté un journaliste de l'AFP.
La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05H00 du matin.
Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est l'un des pays les plus pauvres au monde, vaste territoire désertique d'une population de quelque 20 millions d'habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées de la planète.