Cette expropriation de terres est considérée comme la plus grande de son genre depuis de nombreuses années en Cisjordanie occupée. Ces 800 hectares ont été déclarés “terres d'Israël” sans aucune notification ni avertissement préalables. Des dépliants et des panneaux signalant l'expropriation ont été disposés autour des terres, accompagnés de barrières de fil barbelé, interdisant ainsi l'accès aux propriétaires d'origine.
Les terres confisquées ne sont plus reconnues comme des propriétés privées des Palestiniens par le gouvernement israélien, sans qu'aucune procédure judiciaire ne soit engagée, et ne peuvent ensuite être mises en location ou vendues qu’à des colons israéliens.
Bisharat, un Palestinien de 55 ans dont les rides sont les traces du temps passé à labourer et à chérir sa terre, sa précieuse source de subsistance, évoque avec nostalgie les jours où sa vie était rythmée par les saisons et le dur labeur dans cette zone agricole verdoyante avant d'être exproprié de ses terres dans la vallée du Jourdain par le gouvernement israélien.
“Notre vie était belle dans cette zone agricole verdoyante. Depuis l'enfance, nous allions avec nos familles cultiver la terre, nous cultivions divers légumes et accueillions les bergers voisins avec leurs troupeaux. Mais aujourd'hui, tout a changé”, se désole-t-il.
Bisharat a ajouté que l'armée israélienne a déclaré la région zone militaire fermée, confisquant ses terres et celles de nombreux agriculteurs locaux sans aucune notification ni avertissement préalables.
“Nous n'avons découvert que notre terre avait été confisquée qu'après nous y être rendus, pour être alors violemment expulsés par l'armée israélienne lors d'une attaque surprise. Nous sommes désormais privés d'accès à nos terres, tout comme les éleveurs de moutons”, a-t-il déploré.
Bisharat a en outre déclaré que les colons israéliens saisissent les terres agricoles pour les exploiter à leur profit, ignorant les droits des Palestiniens. “Les plantations de palmiers de la vallée du Jourdain sont principalement aux mains des colons, générant des milliards de dollars chaque année. Le gouvernement israélien expulse les agriculteurs palestiniens de leurs terres, ignorant leurs moyens de subsistance”, a-t-il conclu.
L'objectif principal de l'expropriation des terres palestiniennes est d'accroître le nombre de colonies et de colons en Cisjordanie occupée. Depuis le déclenchement de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre, les autorités israéliennes ont décidé d'y construire environ 3 500 unités de colonies. En vertu du droit international, tout projet de colonisation est illégal en Cisjordanie occupée.
Bisharat ajoute: “l'expropriation de nos terres par les autorités israéliennes est principalement motivée par l'expansion des 35 colonies déjà présentes dans la vallée du Jourdain qui accueillent près de 11 000 colons et par la construction de nombreuses nouvelles colonies. Elle vise également à expulser les Palestiniens de leurs terres, mais cela n'arrivera jamais, je resterai quoi qu'il arrive”.
Ziyad Nofal, 50 ans, un Palestinien du village de Ras Karkar à l'ouest de la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée a connu le même sort il y a 2 ans. “L’armée israélienne est arrivée avec des bulldozers sur mon terrain, ainsi que sur celui d'autres citoyens palestiniens de mon village, et a commencé à saisir des terres sans aucun avertissement préalable ni décision de justice. Cette terre où j'ai grandi en la cultivant avec mes parents et mes frères et sœurs nous est désormais totalement inaccessible. Les oliviers, qui étaient autrefois l'une de nos principales sources de revenus, sont maintenant arrachés pour permettre la construction de colonies”, a regretté Ziyad.
"Nous avons affronté les forces israéliennes, mais elles nous ont attaqués avec violence. Elles ont ouvert le feu sur nous et nous ont expulsés de la montagne d'Al-Risan où nous avons passé notre enfance, ce qui a rendu notre vie plus difficile parce que nous avons dû chercher différentes manières de gagner notre vie. Maintenant, je dois exercer deux emplois différents pour pouvoir nourrir ma famille puisque ma terre et mon moyen de subsistance ont été confisqués”.
Cette décision a été condamnée par la communauté internationale, étant donné que le droit international interdit à la force occupante de rendre irréversible son occupation. . Le site Internet "Statistiques de la population juive en Cisjordanie" a révélé une augmentation de 3 % du nombre de colons, portant leur total à 517.407 en Cisjordanie au 31 décembre dernier, sans compter les 200 000 colons présents à Jérusalem-Est. Les colonies israéliennes se sont désormais étendues dans toute la Cisjordanie, exerçant une pression croissante sur les villages palestiniens avoisinants. Cette expansion territoriale s'accompagne de l'appropriation des ressources vitales comme l'eau et la terre, privant ainsi les communautés palestiniennes de leurs moyens de subsistance.
Malgré les menaces incessantes qui pèsent sur eux et la confiscation répétée de leurs terres, les Palestiniens continuent de défier la politique israélienne. Ils restent fermement attachés à leurs terres ancestrales, refusant de céder à l'intimidation ou à la violence. Tamer Jadallah, 34 ans, Palestinien du village de Deir Ammar, à l'ouest de la ville de Ramallah a tenté de résister. “L'occupation israélienne déploie tous les moyens pour saisir mes terres, me privant de la possibilité de les cultiver ou même d'y accéder. Ces terres représentaient l'unique héritage de mon grand-père. Chaque parcelle de ce terrain est imprégnée de souvenirs de notre passé. Maintenant, avec l'armée israélienne détruisant systématiquement tout ce que j'essaie de cultiver, je suis contraint de trouver d'autres moyens de subsistance, ce qui rend notre vie encore plus difficile”, se désole-t-il.