Règles de séjour durcies en France: 60 000 étrangers concernés
La France renforce les exigences linguistiques pour l’obtention et le renouvellement des titres de séjour, une réforme imminente qui pourrait impacter plus de 300 000 étrangers, dont 60 000 menacés de perdre leur droit de résidence.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, justifie cette réforme en affirmant que “la maîtrise du français est une condition indispensable pour une intégration réussie”. / Photo: AFP (AFP)

La politique migratoire française prend un tournant décisif avec l’entrée en vigueur prochainement de nouvelles exigences linguistiques pour l’obtention et le renouvellement des titres de séjour.

60 000 étrangers menacés d’expulsion

Désormais, la maîtrise du français devient un critère incontournable, susceptible d’affecter plus de 300 000 étrangers, dont 60 000 risquent de se retrouver en situation irrégulière.

Le ministère de l’Intérieur exige désormais un niveau A2 pour les titres de séjour de 2 à 4 ans, un niveau B1 pour les cartes de résidence de 10 ans et un niveau B2 pour l’accès à la nationalité française. Cette mesure vise à favoriser l’intégration des immigrés, selon le gouvernement, mais elle soulève de nombreuses inquiétudes.

D'après les estimations officielles, 40 000 immigrés pourraient se voir refuser une carte de résidence, tandis que 20 000 autres risquent de ne pas voir leur titre renouvelé. Cette réforme s’ajoute à d’autres dispositifs visant à restreindre l’accès au séjour, suscitant des critiques de la part des associations de défense des droits des étrangers.

L’échec au test linguistique entraînera pour de nombreux immigrés l’impossibilité d’accéder à un logement ou à un emploi légal, ainsi que la menace d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Ce durcissement frappe de plein fouet des milliers de travailleurs précaires, notamment dans les secteurs en tension, où la main-d’œuvre étrangère joue un rôle clé. Des experts alertent sur le risque d’exclusion et d’accroissement de la précarité pour ces populations vulnérables, souvent confrontées à des conditions de vie déjà difficiles.

“Condition indispensable”

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, justifie cette réforme en affirmant que “la maîtrise du français est une condition indispensable pour une intégration réussie”.

Cependant, les associations d’aide aux migrants dénoncent une approche trop rigide, qui ne tient pas compte des difficultés spécifiques des personnes concernées, pointant du doigt une mesure d’exclusion plutôt qu’un levier d’intégration.

Face à cette mesure jugée sévère, des manifestations ont éclaté à Paris le 31 janvier dernier.

De nombreuses associations de défense des migrants dénoncent une réforme “injuste”, signalant l’absence de prise en compte des parcours migratoires et des difficultés d’apprentissage du français pour certains profils, notamment les travailleurs âgés ou peu scolarisés.

Ainsi, alors que l’application de cette réforme approche, l’avenir des milliers d’étrangers concernés reste incertain.

TRT Français et agences