Israël a finalement décidé le transfert à la Norvège de la responsabilité des fonds fiscaux destinés à la bande de Gaza. Les fonds gelés seront transférés au pays scandinave qui les conservera sur un compte fiduciaire désigné, d’après une décision du cabinet de guerre israélien. Ces fonds ne seront pas transférés à l'Autorité palestinienne, ou à toute autre entité, sans l'accord écrit du ministre des Finances.
Toute violation des termes du règlement constituera un motif pour arrêter le transfert de tous les fonds destinés à l'Autorité palestinienne, et pour que les fonds sous la garde du pays tiers soient restitués à Israël. Jusqu'ici, les taxes collectées pour la bande de Gaza étaient transférées à l’Autorité palestinienne qui s'occupait de leur transfert à Gaza.
Toutes ces précautions visent à priver Gaza de fonds, du fait de son contrôle par le Hamas, considéré par Israël comme son pire ennemi.
"S'il y a quelqu'un qui pense que nous allons transférer un shekel aux nazis à Ramallah pour qu'ils le transfèrent aux nazis à Gaza, il se trompe lourdement", a déclaré le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui souligne que tout argent transféré dans l’enclave tomberait fatalement entre les mains du Hamas, qui contrôle Gaza.
Pour sa part, l’Autorité palestinienne a dit refuser de toucher ces fonds, qui s’élèvent à près de 275 millions de shekels chaque mois (73 millions de dollars), tant que les salaires des employés de Gaza ne seront pas inclus.
"Nous nous opposons à toute réduction des droits financiers ou à toute condition imposée par Israël qui empêcherait l'Autorité palestinienne de verser des fonds aux résidents de Gaza", a-t-elle déclaré.
Outil de chantage politique
Les Palestiniens ne contrôlent toujours pas leurs taxes douanières d’importation. Lorsque l’armée israélienne était seule à administrer la Cisjordanie et Gaza, Israël percevait des taxes sur les produits importés en Palestine et sur tous les revenus palestiniens. Elle gérait cet argent à sa guise. Elle utilisait le produit de ces taxes pour le financement des projets selon son bon vouloir, le plus souvent au détriment de l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens.
Depuis 1994, la donne a évolué. Israël collecte les taxes d’importation et est censé les reverser à l’Autorité palestinienne, à la suite de la signature du Pacte économique de Paris (PEP), dans le cadre des accords d’Oslo.
L’Autorité palestinienne gère ainsi les dépenses publiques dans les zones A et B de Cisjordanie, ainsi qu’à Gaza, avec le fruit des recettes collectées par Israël.
Le budget de l’Autorité palestinienne (AP) dépend énormément des recettes douanières – des taxes à l’importation perçues par Israël pour son compte. Tel-Aviv utilise ces revenus comme outil de chantage politique en refusant régulièrement de les reverser à l’Autorité palestinienne. Ce qui a de graves conséquences économiques sur la vie des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.
Tant que les dirigeants palestiniens n’auront pas le contrôle de leurs frontières en Cisjordanie et à Gaza, et que les autres sources de revenus seront trop faibles pour répondre aux besoins d’une économie palestinienne dévastée, les transferts de recettes de dédouanement en provenance d’Israël demeureront la principale source de revenus.