Si cette estimation trouve sa source dans diverses explications notamment familiales ou professionnelles, le principal facteur rédhibitoire reste la situation financière de ces ménages privés de vacances.
À l’heure où le prix des carburants accuse une hausse exorbitante cette semaine, les Français sont nombreux à avoir dû reconsidérer leurs projets, face à cette inflation qui continue de réduire leur budget loisir.
Anadolu est allée à leur rencontre dans le sud de la France, pour mieux comprendre leur situation et les alternatives vers lesquelles ils se tournent pour contenter petits et grands.
Des carburants à 2 euros le litre
Si nombreux sont ceux à privilégier les voyages en voiture par pur souci économique, lorsque l’avion devient trop coûteux en famille, la hausse exponentielle des prix des carburants ces deux dernières semaines a forcé certains ménages à revoir à la baisse leurs projets.
Avec un bond allant jusqu’à 15 centimes par litre, le budget vacances est clairement miné par la partie dévolue au transport.
À Nice, Sana, mère de 3 filles avec lesquelles elle s’apprête à rejoindre un camping d’Argelès-sur-mer, s’indigne de cette augmentation.
"On se serre la ceinture toute l’année pour les vacances, pour essayer d’offrir à nos enfants une période de détente sans penser à se restreindre, et puis quand l’heure arrive, on a des factures de carburants qui explosent", grince la trentenaire.
Elle estime que "les distributeurs qui font des marges toute l’année, devraient alléger leurs prix quand il y a des augmentations aussi brutales, de manière à ce que ce soit plus supportables pour les ménages".
Son mari, mécanicien de profession, voudrait quant à lui "que l’Etat allège les taxes de manière provisoire surtout quand les prix frôlent les 2 euros par litre et deviennent un vrai frein aux vacances, et même aux déplacements essentiels".
L’inflation responsable de la majorité des renoncements
Alors que depuis le début de la guerre en Ukraine, l’inflation se fait ressentir partout sur les produits essentiels, les Français les plus modestes sont désormais contraints d’adapter leur quotidien et pour les plus en difficulté, à renoncer complètement aux départs en vacances.
"Ça fait plusieurs années que je n’ai pas été en vacances pour des questions financières", explique Patricia, jeune retraitée de 63 ans, pour qui "les temps sont durs".
Auprès d’Anadolu, elle précise qu’en "tant que personne seule, elle n’a personne avec qui partager les frais inhérents à un voyage" et qu’il s’agit donc d’une "dépense impossible à assumer avec une petite retraite".
"Je compte déjà les euros chaque fin de mois, donc ça fait bien longtemps que je ne pense plus du tout aux vacances", conclut l’ancienne gardienne d’école publique.
Et les difficultés dont elle fait part ne sont pas isolées et concernent parfois des couples d’actifs.
Emily, qui travaille dans l’immobilier et vit avec son compagnon, a décidé cette année, de ne pas s’offrir de vacances.
"On a des réparations à faire sur nos véhicules respectifs donc c’est soit on part en vacances, soit on répare les voitures qui nous servent chaque jour à aller travailler et sont donc essentielles pour notre quotidien le reste de l’année", affirme la jeune mère de famille pour qui "un autre choix est impensable".
Quelles solutions ?
Dans une tribune publiée à la mi-juin dans les colonnes du JDD (Journal du Dimanche), six députés de la NUPES ont esquissé plusieurs propositions visant à permettre d’assurer des vacances au plus grand nombre.
"40 % des Français, cette année, ne partiront pas (contre 37 % l’an dernier, + 3 points). Ils sont 69 % parmi les bas revenus, 44 % des ouvriers. Et 3 millions d’enfants resteront à quai", déploraient les six élus dont François Ruffin, Benjamin Lucas ou encore Arthur Delaporte.
Plaidant pour que "le droit au départ en vacances devienne effectif", les députés réclament une baisse du tarif des transports, la gratuité du Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), et la généralisation du chèque vacances, ce qui permettrait de "réduire les inégalités".
Pour ce faire, ils se fixent un principal objectif : que "le droit au départ devienne effectif, qu’on passe de 60 % à 80 % de partants".
Un sondage de l’institut IFOP publié dans la foulée, faisait état de 57% des Français favorables aux propositions formulées par les députés dans cette tribune du JDD et à la proposition de loi de François Ruffin, pour une "politique publique des vacances".
En revanche, 43% des sondés estiment que "c’est une mauvaise mesure, elle va alourdir les finances publiques, déjà mises à mal par la crise sanitaire et aujourd'hui par la crise énergétique".