Palestine-Israël: la liberté d’expression menacée dans les universités françaises
Les Étudiants musulmans de France dénoncent le “musellement” des soutiens étudiants à la cause palestinienne dans les universités françaises.
Palestine-Israël: la liberté d’expression menacée dans les universités françaises (Others)

Chantage à l’antisémitisme

La pression qu’exerce le gouvernement français et les discours pro-israéliens sur le débat public autour des bombardements en Palestine se fait ressentir également dans le milieu universitaire.

Depuis le début du mois d’octobre, nombreux journalistes, hommes et femmes politiques en France qui osent exprimer des voix discordantes vis-à-vis du discours officiel sur la question israélo-palestinienne, sont exposés à un chantage continu à l’antisémitisme, avant de faire les frais d’accusations d’”apologie du terrorisme”.

Depuis des semaines, force est de constater que sur les plateaux télés des chaînes françaises, dès lors qu’un invité exprime un avis divergent, les visages se crispent, les paroles s’enflamment et le malaise devient flagrant.

Un malaise qui, visiblement, est tout aussi présent au sommet même de l’État qui n'hésite pas à exercer une pression similaire sur le campus. Plusieurs organisations universitaires dénoncent depuis un certain temps les tentatives d’intimidation que subissent non seulement les étudiants mais aussi les chercheurs.

“Musellement”

Dans un communiqué publié jeudi, l’association des Étudiants musulmans de France a dénoncé le “musellement” des soutiens étudiants à la cause palestinienne dans les universités françaises.

Selon le communiqué, la ministre française de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, aurait appelé les présidents d'universités à “limiter toute situation susceptible de causer un trouble à l’ordre public”, en d’autres termes, à “limiter l’expression du soutien au peuple palestinien dans les universités”.

L’association se dit “alarmée” de constater que les appels en faveur d’une aide humanitaire et d’un cessez-le-feu immédiat sont sciemment étouffés “comme tout débat apaisé dans le monde universitaire autour des causes profondes de la situation en Palestine”.

“Nous interrogeons donc Madame la Ministre : quelle place reste-t-il pour la liberté d’expression et la liberté académique à l'Université ? Par ces mots, le gouvernement pèse de tout son poids pour limiter la pluralité des opinions, qui fait pourtant la singularité du monde universitaire auquel nous sommes toutes et tous attachés”, s'indignent encore les Étudiants musulmans de France, qui appellent à “préserver cette liberté partout où elle est menacée”.

Pétition universitaire

De la même manière, une pétition d'universitaires intitulée “Défendre les libertés d’expression sur la Palestine : un enjeu académique”, qui dénonce “des faits graves de censure” et de “répression” a recensé plus de 1000 signatures appartenants à des enseignants et chercheurs affiliés à des universités et centres de recherche prestigieux comme le CNRS, le Collège de France, Sciences Po, l’EHESS, la Sorbonne, Aix-Marseille Université.

Les signataires dénoncent non seulement une “police de la pensée” qui s’est installée dans le monde académique français mais aussi un “climat de menace” et une “intimidation" qui se manifeste par l’annulation d’événements scientifiques et des “entraves à l’expression d’une pensée académique libre”.

En outre, ils disent aussi recenser de plus en plus de messages envoyés par les directions des universités, des laboratoires de recherche, du CNRS et par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les invitant à “signaler l’expression des idées jugées non conformes”.

“Des accusations graves d’antisémitisme ou d’apologie du terrorisme ont déjà été proférées à l’encontre de certain·es collègues spécialistes de la région (...) Les dynamiques inquiétantes que nous observons au sein de la sphère académique reflètent un phénomène structurel plus large de répression des paroles et d’expressions de pensées non hégémoniques. Les censeur·ses ont un biais idéologique qu’ils et elles imposent sans précaution, en refusant l’échange intellectuel, qui est au cœur de nos pratiques”, s’indignent-ils.

Les signataires qui soulignent être constitués “en large partie de précaires”, appellent enfin leurs tutelles à veiller à ce que “les intimidations, diffamations et restrictions de la parole scientifique” cessent et que leurs collègues puissent être protégés dans leur mission de diffusion des savoirs scientifiques.

TRT Francais