ONU: l’Afrique réclame sa place au Conseil de sécurité
Au-delà des divergences apparentes, il existe un consensus africain depuis 2005 sur la nécessité d'intégrer le Conseil de sécurité avec droit de veto.
Le siège de l’Union africaine à Addis-Abeba. Depuis 2005, les Africains y ont élaboré un consensus sur la réforme de l’ONU. / Photo: AA (AA)

La 79ᵉ Assemblée générale de l’ONU a remis au goût du jour la question de la réforme des Nations unies. Vue d’Afrique, l’ONU n’est plus à même de contribuer efficacement à la paix et au développement du continent. De nombreux chefs d’État du continent présents à l'Assemblée générale de l’ONU à New York ont souligné cette position.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé, dimanche, à une réforme de l'ONU, déclarant devant l'Assemblée générale que le Conseil de sécurité n'était “clairement plus approprié” pour faire face aux défis contemporains.

“Placer le sort de la sécurité mondiale entre les mains de quelques privilégiés, alors que c'est la grande majorité qui supporte le poids de ces menaces est injuste, inéquitable et insoutenable”, a déclaré Ramaphosa lors du ‘Sommet de l'avenir’ de l'ONU à New York.

Soulignant les guerres et les conflits en cours, ainsi que le problème du changement climatique, il a insisté sur le fait que la structure du Conseil de sécurité “ne représente pas tous les pays” et ne tient pas compte de la diversité des points de vue.

Le génocide Rwandais de 1994 apparaît comme une illustration de ce décalage de l’ONU avec la réalité sur le terrain. En son temps, un rapport du département de maintien de la paix de l’ONU cité par le politologue David AMBROSETTI (“ Pour un monde plus sûr : notre affaire à tous, et rendu le 1er décembre 2004 à Kofi Annan”) avait situé le problème.

“Trop souvent, l’ONU et ses États Membres pratiquent le deux poids deux mesures face aux menaces contre la sécurité internationale”, lit-on dans le rapport.

Un système onusien injuste

“Qu’il suffise de comparer la célérité avec laquelle l’ONU a réagi aux attentats du 11 septembre 2001 à son attitude face à une tragédie autrement plus meurtrière : d’avril à la mi-juillet 1994, le Rwanda, pays 36 fois moins peuplé que les États-Unis, a connu jour après jour, pendant trois mois, l’équivalent de trois attentats du 11 septembre”.

Dans cette “tragédie rwandaise”, le Conseil de sécurité s’est enfermé dans une espèce “d'aveuglement”, du fait de l’absence d’un point de vue africain au sein du Conseil de sécurité.

“Deux semaines après le déclenchement du génocide, le Conseil de sécurité a retiré l’essentiel de son contingent de Casques bleus du pays. Il aura fallu près d’un mois à l’ONU et davantage à certains membres du Conseil de sécurité pour parler de génocide”, déplorent les auteurs du rapport.

“Lorsqu’une nouvelle mission a enfin été autorisée pour le Rwanda, six semaines après le début du génocide, rares sont les États qui ont offert de fournir des contingents, et la mission ne s’est déployée qu’à la fin du génocide”, pointent les chercheurs de l’ONU.

Conclusion du rapport : “L’incapacité de l’ONU à mettre fin au nettoyage ethnique et au génocide est son échec le plus grave s’agissant de la défense de civils contre la violence”.

Même si des rivalités subsistent sur le choix des pays appelés à représenter éventuellement le continent, il existe depuis 2005 un consensus africain sur la réforme de l’ONU.

“L’objectif de l’Afrique est d’être pleinement représentée dans tous les organes de prise de décision des Nations unies, particulièrement au Conseil de sécurité qui est le principal organe de prise de décision des Nations unies pour les questions liées à la paix et à la sécurité internationales”, souligne “Le consensus d’Ezulwini” élaboré par l’Union africaine.

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