Moyen-Orient: Que vaut Israël sans les États-Unis ?
Les États-Unis sont le principal allié d’Israël. L’apport militaire, diplomatique et économique confère au pays l'autorité pour imposer la paix à Gaza.
Joe Biden est critiqué pour son "soutien inconditionnel" à Israël après le lancement de la guerre à Gaza / Photo: AA (AA)

Que vaut Israël au Moyen-Orient aujourd’hui sans les Etats-Unis ? La question remet au goût du jour l’influence américaine sur Israël. Les Etats-Unis peuvent-ils peser de tout leur poids pour amener Israël à mettre un terme au génocide en cours à Gaza et instaurer par conséquent la paix au Moyen-Orient?

Pour maintenir sa capacité de dissuasion au Moyen-Orient et conduire son offensive militaire à Gaza, Israël a besoin de l’apport décisif des Etats-Unis.

Washington est de loin le principal pourvoyeur d’Israël en armes . Entre 2017 et 2021, Washington a comblé les besoins d’armement d’Israël à hauteur de 96%, d’après les données du SIPRI, l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Entre 2011 et 2020, l'Institut révèle qu’Israël importait des États-Unis pour 70,2% de son armement conventionnel.

Grace aux Etats-Unis, l'aviation israélienne a une longueur d’avance au Moyen-Orient. Elle dispose en effet des F-35 de fabrication américaine. La fiche technique de cet appareil mentionne qu’il s’agit “d’un chasseur de cinquième génération doté de capacités furtives, d'une avionique avancée et d’une intégration de capteurs”.

Le soutien sans équivoque accordé par les Etats-Unis à Israël est en fait une position vieille de plusieurs décennies à tel point que Joe Biden a fait fit des critiques, pour s’être affranchi du contrôle du Congrès dans la livraison d’obus à Israël en pleine offensive à Gaza en décembre 2023.

En mars dernier, les Etats-Unis aux côtés d’autres alliés, ont joué un rôle majeur pour préserver Israël de l'attaque sans précédent de 200 missiles et drones iraniens.

Du reste, en avril dernier, le Sénat américain a approuvé une aide de 13 milliards de dollars d’assistance militaire à Israël. Un financement destiné à renforcer son bouclier antimissile, le “Dôme de fer” déployé à ses frontières. (...) “un gage clair de la force de notre alliance qui envoie un message fort à tous nos ennemis”, avait commenté sur son compte X le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz.

Soutien diplomatique

Outre la défense et la sécurité d'Israël, Washington pèse de tout son poids diplomatique lorsqu’il faut défendre Israël. Aux Nations Unies, ils usent et abusent de leur droit de veto à cet effet.

Cette attitude des États-Unis confère à Israël une immunité de fait à Gaza. Tel Aviv peut ainsi violer impunément les arrêts de la CIJ, la Cour Internationale de Justice. La plus haute juridiction des Nations-Unies a demandé à Israël de cesser son offensive militaire meurtrière à Gaza et a aussi dénoncé la violation par Tel Aviv de la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide. Deux initiatives qui n’ont eu aucune suite.

Au 30 mars 2024, le journal le Monde a relevé que depuis la création du Conseil de sécurité, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis ont opposé 46 vétos à des résolutions condamnant Israël.

Apport économique

Outre la défense et la diplomatie, l'économie israélienne bénéficie aussi des financements américains, grâce à la levée des fonds sur le marché financier. Le financement de la guerre meurtrière de Gaza coûte très cher à l'économie israélienne. En décembre dernier, elle a enregistré une plongée de 21% de son PIB, tandis que les investisseurs étrangers fuient massivement le pays. Les investissements directs (IDE) ont baissé de 50% en juin dernier, rapporte Les Echos.

En février 2024, l’agence américaine Moody’s a pris la décision sans précédent d’abaisser la note souveraine de l’État et celle des cinq plus grandes banques commerciales d’Israël.

Pour trouver des voies alternatives au financement du budget, Tel-Aviv a recours à l'argent des personnes physiques américaines, par le biais du Development Corporation Israël, un souscripteur enregistré aux États-Unis qui lève des fonds sur le marché financier. Il émet des “obligations israéliennes” à l’attention d'éventuels souscripteurs. Les fonds levés représentent 12 à 15% de la dette extérieure israélienne, nous informe Orient XXI.

Fort de leur apport militaire, diplomatique et économique en faveur d'Israël, les États-Unis ont toutes les clés pour infléchir la position de Tel-Aviv et imposer la paix à Gaza. C’est une affaire de volonté et de courage politique.


TRT Français et agences